Louis Guédet

Lundi 18 octobre 1915

401ème et 399ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  La nuit dernière quelques obus dans le centre, boulevard de la République, rue des Telliers chez le Docteur Hoel, etc…  journée assez belle, froide, calme. Déjeuné au Cercle rue Noël avec M.M. Paul Camuset, de Bruignac, invités comme moi par Charles Heidsieck. Causé des événements. Tous sont d’avis que nous en avons pour l’hiver si ce n’est le printemps. Jolie perspective.

Vu le Procureur, réorganisé définitivement mes greffiers : Jésus pour les 2ème et 4ème cantons avec Landréat comme commis greffier le cas échéant. Landréat fera l’office de greffier suppléant du 3ème canton. Dondaine du 1er canton avec faculté pour l’un et l’autre de se substituer. Vu au Palais Dupont-Nouvion avocat, toujours pessimiste. Je l’ai relancé pour accepter la présidence du bureau d’assistance judiciaire. Dondaine ne voulant pas de cette pénitence. Du reste elle revient à Dupont-Nouvion qui, en sa qualité d’avocat, a été à même de voir comme cela se passait.

Je mets tout en ordre pour mon départ mercredi à 4h1/2 du matin, par Bezannes. Demain je ferai ma valise.

Repassé une dernière fois rue de Talleyrand, 37. Je dis la dernière fois car ces ruines me font trop mal. J’y ai tant souffert !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Nuit assez tranquille. A 10 h., 3 bombes au Grand Séminaire (17-18 octobre).

Malade, pas assisté à la messe. Journée assez troublée. J’ai cru entendre forte mitraillade vers 2 h. soir.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 18 octobre

En Artois, nous enlevons une forte barricade près de Neuville-Saint-Vaast et nous nous y maintenons après avoir repoussé deux contre-attaques. Violents combats d’artillerie devant Loos, au « Bois-en-Hache », à l’est de Souchez. Progression près de Givenchy.
Bombardement réciproque près de Lihons. Combats à la grenade sur l’Aisne, aux environs du Godat.
Bombardement intense et réciproque en Champagne, et en particulier autour de Tahure.
Nous avons, en Lorraine, gagné 100 mètres de tranchées au nord de Reillon, après un combat opiniâtre. Notre canonnade a allumé plusieurs incendies près de Leintrey, Amenoncourt et Gondrexon. Toutes les contre-attaques ennemies, dans ce secteur, ont été brisées.
Nos avions ont bombardé les centres de ravitaillement allemands de Maizières, d’Azoudange et la gare d’Avricourt. Une escadrille a jeté 30 obus sur la ville de Trèves qui a été ainsi atteinte pour la seconde fois.
La situation apparaît calme aux Dardanelles.
Les Russes ont repoussé l’ennemi sur l’Eckau, sur la Duna et sur la Strypa. Les Allemands, sur ce front, passent à la défensive.
Les Serbes ont infligé une série d’échecs, sur leurs deux fronts, aux Austro-Allemands et aux Bulgares.
La France a constaté que l’état de guerre existait entre elle et la Bulgarie.
Six transports allemands ont été coulés
dans la Baltique.

Source : la Grande Guerre au jour le jour


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