Louis Guédet
Mardi 22 juin 1915
283ème et 281ème jours de bataille et de bombardement
10h1/2 matin Canonnade la nuit de 2h à 4h. Puis calme plat. Temps lourd et orageux. Dans l’Echo de Paris (voir aussi Louis Latapie du journal « La Liberté » (Article de louis Latapie (1891-1972) dans La Liberté du 21 juin 1915)) je vois dans une interview du Pape Benoit XV, qui ose ajouter foi à ce que les allemands affirment que s’ils ont bombardé la Cathédrale de Reims c’est parce qu’il y avait un observatoire. C’est faux – archifaux – Il est parfaitement regrettable que Benoit XV accorde crédit à ce mensonge. Attendons ! Quand nous pourrons causer écrire et nous défendre librement.
5h Terminé mon audience de simple police. Les 70 affaires sont réglées, rien de saillant. Je suis rentré vers 4h fatigué, las, et de plus en plus triste. Vais-je tomber malade !! Je n’en puis plus.
7h Voici la pluie. Quelle tristesse de plus pour moi. Ne verrai-je donc pas la fin de cette vie de prisonnier, d’emmuré dans mes ruines, devant nos ruines toujours, toujours !!
L’audience a eu lieu comme la dernière fois dans la crypte du Palais de Justice ! Il y faisait juste chaud, je ne vois pas pourquoi on ne l’a pas tenue dans la salle ordinaire, nous aurions été mieux.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Nuit troublée par fusillade continue, et par bombes. Vers 2 heures, jusqu’à 3 h 1/2. Visite du Général de Mondésir et de M. Abelé. Visite de M. de Marcheville ; projet de visite à Louvois. Visite de M. Malbois, vicaire de Saint-Sulpice.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 22 juin
La situation n’a pas changé au nord d’Arras, il n’y a eu que des actions locales. Nos escadrilles bombardant les parcs d’aviation de l’ennemi, ont détruit quatre hangars, deux avions et un ballon captif. Attaque allemande à l’ouest de l’Argonne, sur la route de Binarville à Vienne-le-Château. Après avoir fléchi, nous reprenons la presque totalité de nos positions initiales. Sur les Hauts-de-Meuse, dans la région de Calonne, nous avons occupé et conservé de nouvelles tranchées. En Lorraine, l’ennemi, évacuant les ouvrages à l’ouest de Gondrexon, s’est replié au sud de Leintrey. Ses pertes ont été sensibles dans la région de Reillon. En Alsace, nous avons pris le cimetière, puis la gare, puis le village de MetzeraL. L’ennemi a été repoussé au Reichakerkopf. Nous avons atteint, plus au nord, le village du Bonhomme. Les Russes ont reculé dans les secteurs nord et ouest de Lemberg, mais ils gardent l’avantage sur le Dniester, où ils infligent de grosses pertes aux Austro-allemands. Guillaume II est venu prendre le commandement en chef des troupes de Galicie. Un nouveau projet d’emprunt a été soumis au Parlement anglais. Le gouvernement autrichien ne pouvant obtenir l’argent voulu des souscriptions libres, va recourir à l’emprunt forcé. Les Italiens ont élargi les positions conquises par eux sur le haut Isonzo.