Louis Guédet

Samedi 17 avril 1915 

217ème et 215ème jours de bataille et de bombardement

6h1/2 soir  Journée belle mais un peu grise. Mon voyage pour Paris se brusque et se précipite. Charles Heidsieck est venu me dire que l’auto revenait libre lundi 19, et qu’après ce serait pour plus tard. J’ai donc décidé de partir lundi à 6h1/2 du matin pour prendre le train à Épernay à 7h57 pour arriver à Paris à 11h39. A 6h du matin je serai à la Banque de France pour prendre les valeurs Mareschal et les porter à Madame Mareschal à Paris. Je pourrais donc, en arrivant à 11h1/2 les remettre à M. Paul Cousin dans l’après-midi.

Mon voyage et mon séjour là-bas seront triste, oh ! Combien triste ! Revoir mes aimés, ruiné, sans espoir de bonheur pour le reste de ma vie.

Mon Dieu que c’est dur !! Il n’est pas permis de souffrir aussi tant que cela.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 17 – Nuit tranquille. Donné mon Mandement prescrivant des Prières publiques nationales, à l’occasion des fêtes de Jeanne d’Arc.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 17 Avril 1915.

Encore un nouveau deuil dans la famille. Il ne nous touche pas directement bien entendu, mais enfin… M. Dominique, le papa de Charlotte est mort. Son frère est mort il y a trois mois à peine. Elle n’a pas de chance non plus. Et toujours pas de nouvelles de Paul. Quand tout cela finira-t-il ?

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


ob_d99fd0_thuillier-036-ruines-av-laon-place-sai

Samedi 17 avril

Nos troupes ont repoussé trois contre-attaques à Notre-Dame-de-Lorette et une aux Eparges. Au bois de Mortmare, au cours d’un combat d’artillerie, nous avons réduit trois batteries au silence et fait sauter un dépôt de munitions. Notre artillerie a abattu un taube qui est tombé en face des lignes anglaises, au nord d’Ypres. Nos aviateurs ont jeté dix bombes sur les ateliers du chemin de fer de Léopoldshohe, – dix autres sur la poudrerie de Rothweil, et six ont porté, – quarante sur le Central Électrique de Maizières-lez-Metz.
Deux taubes ont fait quinze victimes à Anvers. Un taube a été abattu par Garros, entre Ypres et Armentières.
Des zeppelins ont survolé la côte anglaise de l’Essex et de Suffolk, mais leurs bombes n’ont produit aucun résultat : ils ont incendié un wagon et mis le feu à un dépôt de bois. Leur seule victime a été une poule.
Un incident s’est produit à la frontière austro-italienne, où quinze soldats ou douaniers autrichiens ont pénétré sur le sol italien. Le gouvernement de Rome change ceux de ses préfets qui passent pour favorables aux empires germaniques. tandis que les Allemands de marque quittent la Péninsule.
Un croiseur français a détruit le pont de la voie ferrée qui relie Saint-Jean-d’Acre à l’intérieur de la Syrie.
La situation est devenue très critique à Constantinople, où le manque de vivres se fait sentir. Au cours d’un conseil de guerre, le sultan Mehmed V a laissé entrevoir l’éventualité de son abdication.
Source : La Grande Guerre au jour le jour