Abbé Rémi Thinot
11 FEVRIER – jeudi –
Aujourd’hui, je dis ma première messe avec mon calice, ma chapelle de campagne ramenée de Chalons
A ce propos, il est curieux ; que les oraisons de la messe « pro tempore belli », avec elle « pro pace » remontent pour l’ensemble au temps de l’invasion des Vandales. Plus vieux que les Turcs, par conséquent ! Les textes des pièces de chant, des épitres et évangiles, ont été choisis au Moyen-âge, dans l’antiphonaire grégorien, tels qu’ils étaient dans les sacramentaires.
10 heures 1/2 soir ; Grand mouvement cet après-midi ; visiblement, c’est une attaque pour demain… attaque de toute l’armée (IVe) par petits paquets. Les trains marchent ; la troupe arrive ; l’artillerie tient ses positions… A la grâce de Dieu ! [1]
[1] La IVe armée est engagée dans la première bataille de Champagne https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Champagne_(1914-1915)#F%C3%A9vrier_1915
Extrait des notes de guerre de l'abbé Rémi Thinot. [1874-1915] tapuscrit de 194 pages prêté à Reims
Cardinal Luçon
Nuit tranquille. Journée de prière des enfants à Sainte-Geneviève.
Messe et allocution à Sainte Geneviève à 8 h. Procession à 5 heures.
Bombes. Reçu 300 F de Cantorbéry. Adresse des Cardinaux français au Cardinal Mercier (Recueil, p. 78).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Eugène Chausson
11 – Jeudi . Gelée blanche, brouillard intense. Dès le matin, quelques coups de canon et bombes sur les 2e et 4e Cantons principalement. L’après-midi, 5 h, violente canonnade.
Nuit assez calme.
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918
Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy
jeudi 11 février
Nous faisons sauter, à la Boisselle, trois fourneaux de mines et nous occupons les entonnoirs malgré une contre-attaque que nous repoussons a la baïonnette.
En Argonne, canonnade et jets de bombes dans la région de Bagatelle et de Bolante. Attaque violente, mais infructueuse des Allemands sur l’ouvrage Marie-Thérèse.
En Lorraine, nous repoussons une offensive près de la forêt de Parroy ; nous refoulons des postes ennemis, dans la zone de Manonvillers. Nous enrayons une attaque au Ban-de-Sapt, dans les Vosges.
Les Allemands accentuent leur offensive contre les Russes dans la Prusse orientale. Sur la Bzoura, ils subissent de nouvelles et cruelles pertes. En Galicie et dans les Carpates, succès russes.
M. Delcassé, qui s’était rendu à Londres pour conférer avec sir Edward Grey, est de retour à Paris.
La Douma a voté une motion, aux termes de laquelle, dans sa pensée, la guerre doit aboutir aux satisfactions du droit. Elle a approuvé l’attitude de M.Sasonof.
M. Salandra fait savoir, dans ses journaux, que si il est attaqué au Parlement par M. Giolitti, il se défendra vigoureusement.
Les socialistes ont protesté à la Diète prussienne contre la prolongation indéfinie de la guerre.