Louis Guédet

Mardi 8 décembre 1914

87ème et 85ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Toujours même tranquillité relative. Je mets à peu près ma correspondance à jour. Renvoyé les objets réclamés par ma chère femme à Madame Léon de Tassigny qui a bien voulu s’en charger. Je suis toujours las ! et désespérant presque de la délivrance prochaine. On insiste beaucoup pour que j’aille à Paris mais j’hésite toujours, à laisser ma maison à l’abandon. Si seulement on apprenait qu’ils se retirent, je partirais aussitôt.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Nuit calme. Détonations des grosses pièces le matin. L’après-midi et le soir, sifflements et obus.

Le Courrier proteste tous les jours contre la censure. Aujourd’hui, il donne d’abord cet avertissement :

Lecteurs Rémois.

Lorsque vous remarquerez des blancs dans nos articles et que ces articles se rapportent à des questions étrangères aux opérations militaires, sachez bien que ces coupures nous sont imposées par la censure civile, parce que nous défendons trop énergiquement à son gré : Vos droits, Vos intérêts, Vos libertés.

Et plus loin, on peut lire cet article, censuré lui-même :

La Presse au banc des prévenus

C’est à M. le Commissaire spécial de la police qu’est dévolue présentement l’illégale censure des journaux rémois.

……………….(supprimé)…………………

Nous entretenons de bons rapports avec la police rémoise et nous collaborons volontiers avec elle dans la chasse aux malfaiteurs de droit commun.

Par contre, il ne nous convient pas du tout d’être placé sous sa coupe, encore moins d’être déféré à ses chefs en attitude de prévenu.

Second point de vue. Une censure policière est forcément une guillotine sèche. Par métier, un commissaire, si équitable soit-il, est disposé à trouve partout matière à incrimination. Alors il ne peut que s’en donner à coeur joie à caviarder, à tailler, à sabrer dans notre modeste prose, qu’il épluche comme il ferait de pièces à conviction.

Troisième point de vue…

Restons-en là pour aujourd’hui et concluons.

Quels que puissent être les mérites de M. le commissaire, nous récusons absolument ce grand inquisiteur civil. Contraint et forcé, nous devrons continuer à lui soumettre nos morasses. Mais nous protestons hautement contre cette double violation de la loi et des convenances.

 Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Mardi 8 – Nuit tranquille; Visite du Commandant de corps d’Armée (la 5e armée), Général Franchet d’Esperey (23).

On m’avait demandé (le Dr d’Halluin, sollicité par deux officiers et des soldats rémois) d’aller visiter les tranchées. Le Général Sibert avait dit que si j’allais dire la messe, il y viendrait. Général Rouquerol permettait (n’osant sans doute refuser), le Général Franchet d’Esperey refusa net ; craignant la responsabilité, en cas d’accident, d’avoir accordé une permission contraire aux règlements.? On n’y est jamais sans danger. Général Rouquerol a insisté près du Général Franchet d’Esperey pour la Croix à décerner au Dr d’Halluin.

Nuit tranquille sauf quelques coups de canons, ou bombe, vers 10 ou 11 h du soir.

Je couche dans l’antichambre ou corridor de mon bureau sur cour d’entrée?

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet visible sur le site de petite-fille Marie-Lise Rochoy


Mardi 8 décembre

Victoire navale britannique aux îles Falkland

Source : La grande Guerre au jour le jour