6 octobre 1914
Mon cher Paul, ma chère Amable.
Me voici revenu de là-bas avec Marie qui est à Bordeaux.
Je ne puis, moi, vous dire où je me trouve.
J’entends nuit et jour fusillades et canonnades, mais sans y avoir encore pris part.
Donnez de vos nouvelles à Marie qui essaiera de me les faire parvenir.
Je suis passé il y a trois jours dans le pays de Fernand.
Baisers à tous les enfants et à vous mon cher Paul et ma chère Amable.
(signature illisible)
Cette fois-ci, nous sommes quelques jours après la courte occupation de Reims, à trois semaines du triste incendie de la Cathédrale de Reims.
La carte a été oblitérée à Reims, nul doute que son auteur s’y trouve, ou a proximité !
Et effectivement, les jours qui précède l’écriture de ce courrier sont plutôt mouvementés, chaque jour, la villes est bombardée.
Rien que ce 6 octobre 1914, c’est une trentaine d’obus qui s’abattent sur la tête des pauvres rémois !
Quant au visuel de la carte, une fois n’est pas coutume, dans ces correspondances de temps de guerre, point de combat ni de destructions. Il n’est pas si étonnant, deux mois à peine après le début du conflit, que circulent encore ce genre de carte.
Nous avons donc droit à un beau cliché du canal et du pont d’Epernay, qui nous rappelle que quelques mois auparavant, on pouvait encore s’y promener en toute quiétude.
Restons en temps de paix, avec cette autre carte postale, du pont d’Epernay également. Le cliché a été pris 10 ans avant, en 1904… En comparant avec la carte de 1914, il semble que les grands arbres de droite aient disparu quelques années après, pour laisser place à un bel alignement, tout beau, tout neuf.