Prouilly, le 30 septembre 1914

Reims 14-18 - Nous venons de voir tomber un avion... Chère Augustine et toute la famille.
Je suis très heureuse (heureux) d’avoir de vos nouvelles, moi, je suis de même pour le moment.
Je suis dans mon « gourbi » en ce moment et je m’empresse de tracer ces quelques mots.
Nous venons de voir tomber un avion, mais c’est un des nôtres.
Comme c’est dimanche, nous allons faire une promenade à cheval avec un de mes amis..
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(suite illisible)

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A la première lecture de ce courrier, j’ai pensé qu’il pouvait ne pas être écrit par un poilu, mais par une femme « heureuse d’avoir de tes nouvelles », mais écriture incertaine, et truffée de fautes, il fallait bien lire « heureux » au masculin ! Évidemment, puisque l’auteur évoque son « gourbi », qui n’est autre qu’un abri de soldats, fait de terre, de branches et de paille, de ceux que l’on trouve principalement en seconde ligne.

Le seul fait de guerre relaté est donc cet avion qui vient de s’écraser à proximité du village, hélas, un des nôtres !!Il faut dire que cette période de fin septembre est plutôt tourmentée dans la région. Et Reims, se remet à peine de la courte occupation allemande de la ville, du 4 au 12 septembre 1914.
Ce qui nous amène bien évidemment à la photo de la carte, prise par Georges Dubois éditeur, du campement allemand qui s’est installé place du Parvis de la Cathédrale, le Palais de Justice est visible à l’arrière-plan.

Triste bis repetita, puisque les prussiens s’étaient déjà installés devant la cathédrale en septembre 1870 !

Ci-dessous, une autre carte de ce campement allemand Place du Parvis, une sentinelle monte la garde, d’autres soldats vaquent à leurs occupations, et certains se reposent (ainsi que les chevaux), allongés sur la paille qui tapisse le Parvis.
A l’arrière-plan, sur la gauche, on aperçoit quelques quidams. Ce sont des rémois « curieux » qui sont venus voir l’envahisseur de plus près… l’ennemi ne semble pas faire trop peur, mais il faut dire que nous en sommes qu’au début de ce long conflit, que le pire reste à venir, et que les boches n’ont pas encore commis leurs pires actes de barbarie !
…une semaine après cette photo, notre cathédrale partait en flamme, sous les coups répétés et acharnés des obus teutons !

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