Inventé en 1903 par les frères Lumière, l’autochrome est la première photographie couleur ( » en couleurs naturelles « ) fabriquée de façon industrielle. Il s’agit d’une image positive sur plaque de verre dont le procédé est à base de fécule de pomme de terre.
Destiné à être projeté, l’autochrome est considéré comme étant l’ancêtre de la diapositive en couleurs moderne.
La Section Photographique de l’Armée négligea l’autochrome pendant les premières années du conflit, malgré l’indubitable intérêt du procédé. Elle en fit usage pour la première fois en 1916 et en 1917. Elle conçut alors le dessein ambitieux de lancer une campagne exhaustive sur l’ensemble du front français, uniquement en autochromes. Au même moment Albert Kahn, richissime et philanthrope, prit contact avec le ministère de la Guerre pour la réalisation de prises de vues autochromes sur le front.
Cette opération dut être approuvée et mise en place rapidement, la Section Photographique de l’Armée ayant recruté deux nouveaux opérateurs pour la circonstance : Paul Castelnau (1880-1944) et Fernand Cuville (1887-1927), tous deux mobilisés dans le service auxiliaire de l’armée pour des raisons médicales.
Le choix de Reims comme point de départ des missions de Cuville et Castelnau n’est pas anodin. Depuis le début du conflit, la ville avait été érigée en symbole de la « barbarie » allemande et était devenue un élément clé de la propagande française. Quand les deux opérateurs parviennent à Reims, ils découvrent une ville dévastée, vidée d’une grande partie de sa population : en février 1917, seuls restent 17 000 habitants sur les 113 000 dénombrés avant le conflit.
Castelnau accomplit deux missions à Reims (25 janvier-11 février, 1er mars-6 avril 1917). Cuville y fit un séjour du 26 février au 7 avril 1917.
Castelnau et Cuville quittent Reims alors que les bombardements allemands s’intensifient dramatiquement : 8 000 obus s’abattent sur la ville en moins de 24 heures.
A peine réalisés, les autochromes constituent un témoignage unique et déjà historique.
Deux autres photographes travaillèrent dans la région de Champagne avec ce même procédé autochrome : un Français, Jules-Gervais-Courtellemont (1863-1931) et un Allemand, Hans Hildenbrand (1870-1927).
Sources :
– « Couleurs de guerre Autochromes 1914-1918 » Editions du Patrimoine-Centre des Monuments Nationaux.
Le balayeur portant un bonnet d’astrakan, 1er avril 1917 (Castelnau) :
A SUIVRE !…