Louis Guédet

Mercredi 8 janvier 1919

1580ème et 1578ème jours

9h matin  Assez beau temps, la pluie et le vent ont cessé. Bonnes nouvelles de Robert, hier, du 1er janvier, pas enthousiaste de cette journée qui pour lui a été pluvieuse et monotone, et puis il en a assez des indigènes. Je me dispose toujours à partir vendredi matin sans enthousiasme et sans courage. Je marche, j’agis en automate, car rien ne m’excite à agir et à m’entraîner, étant toujours en présence d’un avenir sombre, sans but et sans résultat encourageant ! Alors je vais, je viens, je travaille comme dans un rêve, dans un brouillard, ne sachant où mes pas me dirigent, ni à quel but j’arriverai ou atteindrai, ne voyant toujours au bout de tout cela que malheurs, ruines et misères, et surtout insuccès fatal pour tout ce que je pourrais entreprendre ou essayer de faire. Je marche comme un pauvre aveugle sans espoir de voir jamais la lumière.

3h soir  Toujours même profonde tristesse et même découragement insondable ! Peu de courrier. J’y ai répondu pour m’en…  débarrasser. Du reste dès que j’ai quelque travail à faire, je le fais d’une façon fébrile, ayant hâte de l’avoir terminé. Ce m’est une fatigue et un dégoût.

Jean est assez peu en train aujourd’hui ! Et puis il doit s’ennuyer férocement ici… Et cependant c’est encore plus supportable que la vie dans les décombres ! Je me sens la tête fort fatiguée, et tout effort m’est pénible.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 8 – Visite du Général Berge et de son fils le Général Louis Berge. Visite à S. Vincent de Paul de Sainte-Geneviève.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 

Mercredi 8 janvier

http://hdl.loc.gov/loc.pnp/ppmsca.35645

M. Théodore Roosevelt, ancien président des Etats-Unis, est mort dans sa campagne de Sagamore Hill.
Les Spartaciens ont accompli un nouveau coup de force. Ils soutiennent contre Ebert l’ancien préfet de police Eichhorn et s’emparent des principaux journaux berlinois et de l’agence Wolff. Une lutte sanglante s’est déroulée dans Berlin. Les majoritaires, pour avoir le concours des masses ouvrières qu’ils croient dévouées à leur cause, ont proclamé la grève générale. Les Spartaciens ont également tenté des coups de force à Cassel contre le G. Q. G., à Constance, à Mannheim et à Stuttgart.
Les élections du grand-duché de Bade ont donné des résultats médiocres pour les socialistes majoritaires et nuls pour les indépendants.
Il est faut que Radek ait quitté l’Allemagne.
Les délégués anglais et italiens à la conférence sont partis pour Paris.
Les Polonais ont remporté de nouveaux succès en Posnanie. Un coup de force a été tenté à Varsovie. Le gouvernement du général Pildsuski négocie avec ceux qui l’ont accompli. Le prince Sapicha, qui en était le principal inspirateur, a été arrêté.
Le président Wilson a quitté Turin pour revenir à Paris.
Les Bulgares n’ont pas encore évacué la Dobroudja.
On publie le projet wilsonien de la Société des Nations relatif à l’arbitrage et au jugement des conflits internationaux.
Raisouli s’oppose à une action de police franco-espagnole. M. Clemenceau est rentré à Paris.
Le Labour party anglais a délibéré et décidé de refuser sa collaboration au cabinet: aucun de ses membres n’y pourra entrer avec l’agrément du parti. M. Lloyd George n’a pas encore opéré la nouvelle répartition des portefeuilles. Il résulte des statistiques officielles qu’il aura aux Communes une majorité de 279 voix. Les Irlandais du Sinn Fein ont décidé de faire appel à une Constituante.
Deux automobiles blindées ont été arrêtées devant le château d’Amerongen, où réside Guillaume II. On ignore à quel usage elles devaient être affectées.
Le bulletin de l’armée interalliée d’Arkhangel signale de nouveaux succès sur les bolchevistes, qui auraient reculé vers le Sud.
Une partie de la ville d’Halifax (Nouvelle-Ecosse), a été détruite par un incendie.

Source : La Grande Guerre au jour le jour