Louis Guédet

Samedi 7 décembre 1918

1548ème et 1546ème jours

Temps gris, assez froid, mais pas de pluie. Notre major est parti ce matin et il nous arrive de nouvelles troupes ! Le 217e d’Artillerie, dont faisait partie le R.P. Pottié, ancien professeur des enfants, tué à Verdun.

Maurice a l’air d’aller mieux, ainsi que Marie-Louise.

7h soir  Du courrier en quantité. Lettre de Jean qui va toujours doucement. Notes d’André (rayé). Lettre de de Vaucresson qui va aller à Coblentz. Il ne parait pas non plus enchanté de cet armistice prématuré quand nous aurions pu leur faire 400 000 prisonniers quelques jours plus tard nous disait tout à l’heure le Commandant Vogel qui loge ici, un Alsacien ! Wilson a été bien maladroit ! C’est un illuminé ! Je ne souhaite qu’une chose, c’est qu’il reçoive une grenade dans les jambes qu’il va en Allemagne, cela lui changera avantageusement les idées !! et ce ne sera pas un mal ! Écrit jusqu’à présent, et je n’ai pas fini mon courrier ! Ce sera pour demain, je suis exténué. Pas sorti, même pour respirer une minute ! Je suis toujours découragé au possible ! Que la mort me serait une délivrance !…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Samedi 7 – Arrivée à Rome. Visite aux Cardinaux Bellot, Mery del Val. Mgr Migone envoyé par le Pape m’invite à une audience après-midi du dimanche, demain.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 

Samedi 7 décembre

Le roi des Belges et M. Poincaré ont échangé des toasts chaleureux. Il y a été hautement déclaré que la Belgique renonçait pour l’avenir à la neutralité garantie et qu’elle revendiquait la plénitude de sa souveraineté.
Les troupes britanniques progressant vers le Rhin, ont atteint la ligne Kronenberg-Schleiden-Duren.
Les Belges ont occupé Neuss et Odenkirchen. Les Américains ont pris la ligne GlaadtVallenborn-Daun-Ringelkopf.
Les clauses financières de l’armistice ont été arrêtées à Spa. L’Allemagne ne pourra aliéner, concéder, hypothéquer ses chemins de fer, mines, bois, ni les entreprises dans lesquelles l’État possède des intérêts. Elle ne pourra touché aux valeurs étrangères appartenant à l’Etat, à l’encaisse-or de la Reichsbank que dans des conditions déterminées. Elle rendra aux autorités françaises ou belges les titres et valeurs pris dans le nord de la France et en Belgique. Elle restituera les bons de monnaie de villes, chambres de commerce ou autres qu’elle a en sa possession, les archives publiques, privées et les comptabilités. Elle restituera dans le courant du mois l’encaisse et les billets de la Banque nationale de Belgique, ainsi que les avoirs des banques françaises et belges qu’elle a enlevés et convertis en marks.

De graves désordres ont éclaté à Cologne et à Essen. La situation est critique en Allemagne, dit le commissaire du peuple Barth.
M. Lloyd George a fait un nouvel exposé pour les élections. Il annonce sa ferme volonté et celle de tous les alliés d’obtenir le châtiment des responsables de la guerre et formule son programme électoral en matière économique et ouvrière.
Bien que le comte Romanones ait formé son cabinet à Madrid, la situation reste difficile dans la Péninsule.

Source : La Grande Guerre au jour le jour