Louis Guédet

Vendredi 2 août 1918

1421ème et 1419ème jours de bataille et de bombardement

10h matin  La pluie, qui ne sera que passagère. Nuit calme. Nos troupes plient leurs tentes, et vont bientôt partir. Écris ce matin à Bossu et Houlon ! Et me voilà à attendre de l’occupation. Cela me navre d’être ainsi inoccupé, et je crains à la longue de ne savoir plus travailler. J’y ai déjà si peu de goût, à force de voir détruit tout ce que j’entreprends au fur et à mesure que cela commence à marcher. Quelle existence ! Rien. Rien à faire… !… J’en arrive à avoir du dégoût pour tout.

3h soir  Peu de courrier, réglé en peu de temps. La pluie tombe par fortes ondées. Journal insignifiant en dehors de l’assassinat d’Eichhorn… Et je constate en outre hélas que notre avance arrive à sa fin.

Et que les allemands vont se stabiliser sur la Vesle. Ils maintiennent, je vois que nous allons passer encore l’hiver ainsi. Retournerais-je même à Reims ? Je me le demande, d’autant que si une situation se présentait favorablement à moi je n’hésiterais pas à la saisir, car je ne me sentirais pas le courage de retourner travailler (et à quoi ?) dans ce cimetière que sera notre Ville. C’est déjà bien assez que j’ai vécu cette vie durant 43 mois. J’ai eu tort. J’aurais mieux fait d’abandonner Reims dès mon incendie ! Je ne serais pas là à ne rien faire et à être découragé de plus en plus. (Rayé). Je puis attendre longtemps la chance de trouver une situation qui me permette d’envisager l’avenir moins tristement.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Vendredi 2 – Visite de M. Deligny, Curé de Cons-la-Grand’ville. Écrit au Cardinal Gasparri pour le télégramme et le texte original

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Vendredi 2 août

Les Allemands ont attaqué, après un fort bombardement, nos nouvelles positions, à l’est d’Oulchy-le-Château. Nous avons repoussé l’assaut ennemi et maintenu intactes nos lignes.
Sur la rive droite de l’Ourcq, de vifs combats se sont livrés au nord-est de Fère-en-Tardenois. Le village de Seringes a passé de main en main et a été finalement enlevé par une contre-attaque des Américains.
De nombreux coups de main ennemis près de Mesnil-Saint-Georges, à l’est de Montdidier, au bois Le Prêtre, sur la rive droite de la Meuse et dans les Vosges, n’ont obtenu aucun résultat.
De notre côté, nous avons effectué une incursion dans les lignes allemandes, au nord-est de Perthes-les-Hurlus et ramené des prisonniers.
Les opérations aériennes se sont poursuivies sur tout le front entre Aisne et Marne. Les bombardiers franco-britanniques ont jeté plus de 20 tonnes de projectiles sur les cantonnements et les points de passage de la vallée de l’Ardre et de la Vesle, les gares de Fimes, Loupeigne, Mareuil, Bazoches, les terrains d’aviation de Mont-Notre-Dame. Quatorze avions allemands ont été abattus ou mis hors de combat.
Les Anglais ont fait des prisonniers au cours de coups de main heureux et de rencontres de patrouilles dans les environs de Lens, au nord de Béthune et dans le secteur nord de notre front.

Source : La Grande Guerre au jour le jour