Louis Guédet

Samedi 16 mars 1918                                                   

1282ème et 1280ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Toujours le beau temps. Reims est fortement bombardé dit l’Eclaireur de l’Est. Le pauvre M. Dazy a été intoxiqué. C’était un fort aimable homme. Les gaz seraient donc venus près de l’Eclaireur. Peu de courrier.

Eté à Songy porter des lettres, et acheter un fromage, 5 F !!! Tout est hors de prix ! Revenu par la Prairie. Vu une 30aine (trentaine) d’avions en exercice au-dessus de ma tête. Rentré à 4h fatigué. Travaillé jusqu’à présent. Je suis toujours de plus en plus triste et découragé. Je ne sais que faire. Et je tremble rien qu’à la pensée de retourner à Reims. Si seulement une circonstance de Guerre me fixait sur le oui ou le non ! Tout cela c’est de la fatigue et de l’usure.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 16 – + 2°. Temps un peu couvert ; beau. Nuit assez tranquille sauf, de temps en temps, des sifflements d’obus, ou des chutes d’obus (sur batteries ?). Visite de l’Ambulance de Sainte-Geneviève. Signé procès-verbal de la remise des clefs des tours de la Cathédrale(1). Visite au général Naulin.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Le Cardinal est bien institué garant de la parole de toutes les autorités civiles et militaires.

Général Naulin

Samedi 16 mars

En Champagne, à l’ouest du Cornillet, nous avons chassé l’ennemi des éléments de tranchée où il s’était maintenu depuis le 1er mars. L’opération a pleinement réussi. Nous avons fait quarante-deux prisonniers, dont un feldwebel et quatre sous-officiers, et rapporté deux mitrailleuses et deux lance-bombes.
En même temps un détachement pénétrait dans les lignes allemandes au mont Blond et ramenait des prisonniers.
Un coup de main ennemi sur un de nos groupes de combat de la Main-de-Massiges a complètement échoué.
Lutte d’artillerie sur l’ensemble du front, notamment sur la rive droite de la Meuse, les régions de Bezonvaux et de Vacherauville.
Cinq mille six cent quatre-vingts kilos de projectiles ont été lancés par nous sur de nombreuses gares, usines et cantonnements de la zone ennemie.
Les Anglais ont exécuté des coups de main dans les lignes ennemies, à l’ouest de Villers-Guislain et ramené des prisonniers.
Des raids allemands ont été repoussés vers l’Asschendaele et Poelcappelle.
Les Be1ges ont étendu leur front, qui est de 40 kilomètres, désormais.
L’activité d’artillerie y est redevenue considérable.
En Macédoine, an nord-ouest de Monastir, des détachements français ont pénétré dans les lignes ennemies, qu’ils ont trouvé évacuées.
Des coups de main ennemis ont échoué.
Un avion ennemi a été abattu en combat aérien et s’est perdu dans le lac Doiran.

Source : La Grande Guerre au jour le jour