Louis Guédet

Samedi 11 août 1917

1064ème et 1062ème jours de bataille et de bombardement

4h soir  Bombardement cette nuit passée de 10h du soir à 2h du matin par intervalles irréguliers. Peu ou mal dormi. Pluie la nuit. Ce matin beau temps nuageux et lourd. Rien de saillant. Tout le monde est las. Peu de lettres. Je suis à jour. Vu Beauvais qui craint (mais ne le désire-t-il pas ?) encore l’évacuation de Reims. Rien appris de lui. Il s’en moque maintenant qu’il a son ruban ! Écrit à mon ancien Procureur et ami Bossu mon dégout et mon découragement de tout cela.

Tous les gens que je rencontre sont tristes et soucieux, de plus en plus on se croirait non dans un tombeau, mais dans un cercueil, avec notre pauvre cité démolie, ruinée et ses rues désertiques. C’est à devenir fou ! Parfois je me prends à avoir peur de cette solitude dans cette solitude. Et quand je songe qu’il me va falloir encore vivre de cette vie marmoréenne des mois et des mois. Non vraiment, le Ciel est trop haut !! et la Délivrance trop loin ! C’est à ne plus croire à rien et à désespérer de tout.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

11 août 1917 – M. Boidin est tué au Jardin-école.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Samedi 11 – De 9 h. à minuit, très active canonnade du côté français ; faible riposte allemande. Nuit tranquille à partir de minuit. Indisposition. Visite de 5 officiers qui n’ont pu venir avec ceux d’hier. Fréquents obus allemands pendant l’après-midi en divers points. Obus au bout de la rue de Vesle à l’avenue de Paris, à la Haubette, rue Cazin autour du n° 14. Un civil tué, instituteur.

Avenue de Paris – CPA : collection Pierre Fréville
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 11 août

Au nord de Saint-Quentin, activité soutenue des deux artilleries dans la région du Fayet. Deux attaques ennemies, entre le moulin de Sennechet et la ferme Cepy, ont été arrêtées par nos feux.
Violente lutte d’artillerie sur le front Panthéon-épine de Chevregny. L’ennemi a subi sur ce front un sanglant échec après lequel il a renoncé à toute tentative. L’attaque avait été montée avec le plus grand soin. Outre trois bataillons, les Allemands avaient engagé neufs détachements de troupes spéciales d’assaut et deux détachements de lance-flammes. Nous avons fait plus de 100 prisonniers.
En Champagne, après une préparation d’artillerie, les Allemands ont attaqué nos tranchées à l’est de Maisons-de-Champagne. Aux deux ailes, nos feux ont brisé toutes les tentatives. Au centre, où les assaillants avaient pris pied, un combat très vif s’était engagé : il s’est terminé à notre avantage.
Canonnade sur les deux rives de la Meuse.
Les Anglais ont achevé la conquête du village de Westhoeck, à l’est d’Ypres et ils se sont emparés de crêtes importantes. Ils ont pénétré sur un large front dans les positions allemandes à l’est de Monchy-le-Preux. L’ennemi a subi de grosses pertes.
Nouvelle avance de Mackensen en Moldavie.
Un bataillon ennemi a été repoussé à Housa, sur le front franco-hellénique.

Source : La Grande Guerre au jour le jour