Paul Hess

27 juin 1917 – L’Éclaireur de l’Est annonce 2 500 obus pour le 25 et le com­muniqué dit que Reims a été violemment bombardé. Il n’exagère pas, le communiqué, car depuis plus de huit jours et sans disconti­nuer, le pilonnage de notre ville est absolument effrayant.

— Un obus, ce jour, dans la maison de mon beau-frère, sur la partie que j’habite seul, 10, rue du Cloître.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Mercredi 27 – + 15°. Nuit tranquille, bombardement de 8 h. à…. 1 obus ; puis un autre, découronnent une de nos cheminées ; et mutilent l’autre, dont l’état est dangereux. M. Trilhart, Père du Saint-Esprit, aumônier mi­litaire, m’invite à aller bénir le cimetière militaire de la Neuvillette28 (400 tombes), 410e régiment infanterie. Un obus tombe sur la maison, pendant qu’une sœur reconduit un visiteur au portail. Le 1er obus a lancé un gros morceau de son ogive dans le parloir ou petit bureau des Sœurs. Bombar­dement violent toute la matinée. Visite du Général de Vallières, 191e Divi­sion, qui s’en va et avec lui du Général Schmidt (protestant) de la 167e division qui remplace celui qui nous quitte. M. Schmidt me fait les offres les plus bienveillantes de services. Visite à Rœderer, à l’Orphelinat Rœderer, au Général Cadou, non trouvé, qui s’en va à Epemay.

Le soir vers 7 h., visite aux tombes (à la Neuvillette) du 410e, en compa­gnie du Général de Vallières. Rendez-vous dans les ruines de l’église dé­vastée. Comme c’est dangereux, le Général de Vallières a voulu venir. Il nous fait marcher 2 à 2 seulement, à assez longs intervalles, pour ne pas provoquer les obus des allemands qui nous voient de la vallée de Courcy. Arrivé au cimetière je bénis les tombes, sans convocation des soldats à cause de la proximité de l’ennemi. Après cela le Général nous quitte (je crois) et nous allons le long du canal, à travers les soldats qui s’y installent et par les boyaux… avec les officiers dans une tranchée. C’est le lieutenant Colonel Voiriot qui nous conduit et nous reçoit à sa table – il commande le 410e régiment décoré de la Croix de Guerre et cela à l’Ordre de l’Armée (Écho de Paris, du 18 juillet). Il nous quitte dans la nuit. Au sortir du dîner, je rencontre une planche sur laquelle on avait écrit : « Boyau Cardinal Luçon29 ». Nous rentrons sans encombre à 9 h. et demie. Le Général de Vallières, reparti avant dîner, nous envoya son automobile pour revenir à Reims.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 27 juin

En fin de journée, après une courte préparation d’artillerie, nos troupes ont prononcé une brillante attaque au nord-ouest d’Hurtebise, sur un éperon solidement organisé par l’ennemi. Tous nos objectifs ont été atteints en quelques instants. La première ligne allemande est tombée en notre pouvoir. Des contre-attaques ennemies, lancées aux deux extrémités de la position enlevée et appuyées par un violent bombardement, ont été brisées par nos feux. L’ennemi, surpris de la rapidité de l’attaque, a subi des pertes élevées et a laissé plus de 300 prisonniers, dont 10 officiers entre nos mains.

Divers coups de main ennemis sur nos petits postes, dans le secteur d’Ailles, dans la région de Tahure et en Argonne, ont échoué sous nos feux.

Les Anglais ont poursuivi sur les deux rives de la Souchez leurs succès de la nuit précédente, au sud-ouest de Lens. Ils ont réalisé des progrès sur un front de 2500 mètres. Ils ont fait des prisonniers au cours d’une opération de détail au nord-ouest de Croisilles. Ils ont repoussé un coup de main à l’ouest de la Bassée.

Canonnade réciproque dans la région du Vardar et dans la boucle de la Cerna, où une forte reconnaissance bulgare a été dispersée à coups de fusil et de grenades.

Ador, député de Genève, a été nommé conseiller fédéral helvétique à la place de M. Hoffmann.

Source : La Grande Guerre au jour le jour