Louis Guédet

Mercredi 20 novembre 1918

1531ème et 1529ème jours

9h matin  Du brouillard, il fait réellement froid. Je pars demain matin pour Aÿ pour ce toqué d’Henri Abelé ! Quel neurasthénique !! et par dessus cela dangereux comme mandataire en compréhension des affaires !! Il est bien un descendant de Boches. De là je continuerai sur Paris. Encore bien du temps que je vais perdre ! Ma femme m’accompagne jusqu’à Épernay pour continuer sur Reims où elle veut absolument aller ! Pourvu qu’il ne lui arrive rien durant dette escapade ! Mais elle l’a dans la tête !…

5h soir  Beaucoup de courrier que j’ai abattu. Rien de saillant, sinon des jérémiades de gens qui ne veulent pas se rendre compte des difficultés actuelles !… Lettre de Robert, qui va bien et se dispose à entrer en Alsace. Je pars demain à 5h.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Mercredi 20 – Visite de M. le Curé d’Avenay. Écrit au Cardinal Gasparri. Écrit au Président du National Catholic War Council

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 20 novembre

Nos troupes ont continué leur marche en avant, accueillies avec un enthousiasme croissant par les populations. L’ennemi a abandonné un énorme matériel : locomotives, wagons, parcs d’automobiles, magasins de toutes sortes. Des milliers de prisonniers français, anglais, russes, italiens rentrent dans nos lignes dans un état de misère indescriptible.
En Belgique, nous dépassons la voie de Beauraing, à Florenville.
Plus à l’est, nous avons atteint la ligne Offagne-Bertaux-Straimont-Jamoigne, au sud de Neufchâteau. En Lorraine, nous occupons Sainte-Marie-aux-Mines, la rive sud de la Nied allemande, Créhange, sur la route de Saint-Avold et nous bordons la haute Sarre, en amont de Fenestrange. Nos troupes ont fait leur entrée solennelle dans Sarrebourg, ainsi qu’à Dieuze et à Morhange.
En Alsace, nous avons franchi le col de Saverne, et installé nos avant-gardes aux postes de Wasselonne et de Neufeld. Plus au sud, nous sommes à proximité du Rhin, depuis le nord de Neuf-Brisach jusqu’à là frontière suisse.
Les 2e et 4e armées anglaises ont poursuivi leur marche et atteint la ligne générale Florennes-Charleroi-Seneffe-Hal.
La 3e armée américaine a traversé la frontière belge et occupé Virton. Elle a atteint Etalle et Saint-Léger. Entre Chiers et Moselle, elle a dépassé Spincourt et le système de voies ferrées entre Longuyon et Conflans. Elle est entrée dans Longwy. Plus au sud, elle a occupé Audun-le-Roman et la ville de Briey.
On annonce que M. Wilson partira des États-Unis pour la France après le 12 décembre.
L’armée de Mackensen a été désarmée en Hongrie.
On prétend que Guillaume II aurait réellement abdiqué et, d’autre part, qu’il voudrait rentrer en Allemagne.

Source : La Grande Guerre au jour le jour