Louis Guédet

Mardi 12 juin 1917

Ce matin, à partir de 6h1/2 du matin le bombardement continue sur les ruines de l’Hôtel de Ville et le quartier alentour, il continue encore un moment. Tant que ce ne sera que là, çà n’aura pas grand inconvénient, ils ne peuvent que démolir que des ruines !! qu’ils y aillent donc de bon cœur, s’ils veulent. Cette nuit ils envoyaient des salves de 4 en même temps qui passaient au-dessus de nous pour aller tomber beaucoup plus loin, vers La Haubette sans doute. On n’entendait à peine les arrivées. Je suis néanmoins passablement rompu ce matin. Et puis rien à faire, ou presque. C’est l’angoisse brute, la mort latente.

7h soir  Rien de saillant. Chaleur torride. Après-midi courses habituelles (Poste, journaux, etc…) Lettre de mon Robert qui est à Mailly (le camp) avec Jean, au repos les pauvres petits. Reçu visite de M. et Mme Triquenot qui ont vu le député Lenoir pour la fermeture de leur débit. Celui-ci doit venir vendredi, il demandera peut-être à me voir pour causer de cela. Causé longuement avec eux. De tout cela il en ressort que ce sont toujours les petites vengeances obtenues avec la Place. Tout ce monde se tient et satisfait ses rancunes au grand dam des Rémois. Un bon coup de balai dans ces écuries d’Augias de la rue Dallier – Jeanne d’Arc, et Courlancy et Cie serait une très bonne chose. Enfin tout cela donne une piètre idée de tout ce monde-là.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

12 juin 1917 – L’inspecteur-receveur des droits de place, M. Bouvier m’ayant donné l’autorisation — puisqu’on ne s’en sert pas — de disposer de son bureau, le seul échappé à l’incendie et resté intact à l’hôtel de ville, (sous l’escalier de la bibliothèque) je m’y installe ce jour, pour commencer à mettre en ordre la comptabilité du mont-de-piété.

Journée calme.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Mardi 12 – Nuit tranquille, sauf coups de canon, ou bombes, toute la nuit. Quelques bombes sifflantes. Item de 6 h. à 7 h. du matin pendant les messes. Écrit à Mgr l’Évêque d’Angers, 2e lettre. Visite à M. Lançon inva­lide, 137 rue des Capucins, très pieux.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Mardi 12 juin

Assez grande activité des deux artilleries au nord de la Somme et dans la région de Cerny. A l’ouest de ce village, l’ennemi a tenté de nouveau des coups de main qui ont été repoussés.

Rencontre de patrouilles vers la cote 304 et en Woëvre.

Sur le front britannique, grande activité des deux artilleries à l’est d’Epéhy. Des détachements qui s’assemblaient dans ce secteur ont été dispersés par le feu de nos alliés. Un coup de main exécuté avec succès, la nuit dernière, au sud-ouest de la Bassée, a permis aux Anglais d’occasionner d’importants dégâts aux tranchées et galeries de mines de l’ennemi et de faire 18 prisonniers.

Des raids ont été également effectués sur les positions allemandes, à l’est de Vermelles et au sud d’Armentières. L’ennemi a subi de nombreuses pertes.

Grande activité des deux artilleries au sud d’Ypres. Nos alliés, de ce côté, ont de nouveau réalisé une légère avance au sud de Messines.

Succès italien dans le Tyrol, vers la cime Undici. 520 prisonniers autrichiens ont été faits dans un coup de main.

Les Italiens ont occupé Janina, sur territoire grec.

M. Dato a constitué le cabinet espagnol avec le marquis de Lema aux Affaires étrangères.

Source : La Grande Guerre au jour le jour