Louis Guédet

Jeudi 6 juillet 1916

663ème et 661ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Le temps, quoiqu’orageux, semble se remettre. Le calme. Du canon la nuit d’un peu partout et cet après-midi. Ce matin passé ma matinée au Crédit Lyonnais pour ouvrir le coffre-fort de M. Grenier, ancien juge, tué à Corcieux et décrire et faire l’inventaire du contenu. Des bijoux et quelques papiers, un testament, c’est tout. Fait emballer séance tenante et porté la caisse au Vice-président M. Bouvier qui devrait la porter à Épernay chez Mme Forest, grand-mère du défunt (Il doit plutôt s’agit de sa mère, Mme Isabelle Forest, veuve Grenier (1848-1922) que Mme Amélie Forest, sa grand-mère, décédée en 1910). Vu en même temps le Président Hù pour l’ouverture du testament trouvé. Quand j’ai eu fini il était midi. Vu à mon courrier, à quelques actes, et fait une course ou 2. Et ma journée est finie. J’ai toujours le cœur serré, broyé. Je crois de plus en plus que je ne survivrai pas à cette tourmente.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

6 juillet 1916 – Les déménagements continuent nombreux à Reims, l’autorité militaire facilitant maintenant l’enlèvement des mobiliers et leur transport sur la voie ferrée, en mettant à la disposition de ceux qui en font la demande, des camions automobiles et des soldats professionnels.

De leur côté, les diverses entreprises de camionnage dont c’était la spécialité jusqu’à présent, ne chôment pas, car il m’arrive tous les matins de croiser des voitures chargées se dirigeant rue Vernouillet, où se font également, dans la tranquillité toute relative dont nous jouissons actuellement, des mises en wagons — spectacle journalier qui, à lui seul, donne une impression navrante d’abandon forcé et misérable de notre malheureuse ville.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

vernouillet


 Cardinal Luçon

Jeudi 6 – Pas dit messe. Nuit tranquille, sauf quelques gros coups de canon. Journée paisible pour Reims. Visite de M. Camuset et de son fils l’abbé.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Jeudi 6 juillet

Au nord de la Somme, nos troupes ont progressé à l’est du village de Curlu. Elles ont enlevé la seconde position allemande sur un front de 2 kilomètres de depuis la route de Cléry à Maricourt jusqu’à la rivière. Plus à l’est encore, nous avons attaqué et pris par un vif combat le village de Hem et la ferme de Monacu. 3 officiers et 300 hommes sont restés entre nos mains.
Au sud de la Somme, nous avons repoussé les contre-attaques dirigées par l’ennemi sur Belloy-en-Santerre, et rejeté les Allemands de la partie du village d’Estrées qu’ils occupaient encore. 200 prisonniers ont été fait dans un moulin au nord de cette localité. Entre Belloy et Estrées, nous nous sommes rendus maîtres de tous les boyaux. Sur 10 kilomètres, nous avons toute la seconde position allemande.
Attaques allemandes repoussées sur la rive gauche de la Meuse. Canonnade sur la rive droite.
En Lorraine, un coup de main ennemi échoue dans la région de Saint-Martin, à l’est de Lunéville.
Les Anglais ont lutté vigoureusement entre l’Ancre et la Somme, en réalisant quelques progrès. Le chiffre de leurs prisonniers est porté à 6000.
Succès russes près de Tchartoryisk et de Kolki.

Source : La Grande Guerre au jour le jour