Louis Guédet

Lundi 20 mars 1916

555ème et 553ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Le calme absolu. Journée monotone pour moi ne pouvant pas sortir à cause de ma foulure du pied droit contre la cheville. Vu Mt Dondaine, puis pas mal de rendez-vous, répondu à Mt Bruneteau (Jules Bruneteau, 1868-1936), notaire à Fismes, que j’acceptais son rendez-vous pour le 10 avril 1916 pour aller à Fismes assister et le substituer dans la levées de scellés et l’inventaire après le décès d’une dame Sarazin. Je serais probablement obligé d’aller coucher la veille à Fismes, les trains n’étant pas très commodes, à moins que je ne puisse avoir l’auto de M. Albert Benoist et un laissez-passer. Jacques me conduirait et ainsi je pourrais y aller et revenir dans la même journée. J’aimerais mieux cela. Ensuite je vois que je ne pourrais me dispenser d’aller à Paris vers le 15 avril, car réellement j’y ai grand besoin et beaucoup à faire. Je partirai le vendredi ou le samedi pour revenir le lundi ou le mardi.

Il parait que la 52ème Division serait revenue ici, nous voila bien avec ces pierrots-là. Quel triste peuple, surtout les officiers !! à propos d’officiers, il me vient à la mémoire une réflexion que j’ai entendu l’autre jour, le 11 mars, faite sur le quai de la Gare de Dormans par un de ces messieurs-là qu’on ne peut que désigner que sous le nom de « galonnard ». Cet officier, lieutenant au 107ème d’infanterie, était descendu du train que je prenais sur Châlons et attendait que le convoi parte pour pouvoir traverser la voie et sortir de la Gare. Et le susdit s’impatiente qu’on fit attendre ses…  galons (on aurait sans doute dû couper le train pour lui livrer le passage !) de s’écrire dire à un de ses…  collègues : « Cette gare est mal comprise, il devrait y avoir des passages souterrains pour ne pas être retardé par l’arrêt des trains ! »

Comme si dans cette pauvre petite gare de Dormans la nécessité de passages souterrains se pouvait faire sentir !!!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

20, 21 mars 1916 – La 52e Division d’Infanterie de réserve est de retour à Reims, qu’elle avait dû quitter au début de novembre 1915. Elle est bien accueillie et se retrouve en pays de connaissance. Le ravitaillement de certains services on compagnies de l’un de ses régiments, le 320e, a lieu de nouveau place Amélie-Doublié.

— L’offensive allemande sur Verdun, qui dure depuis un mois, parait se ralentir ces temps derniers.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Juliette Breyer

Lundi 20 Mars 1916. – J’ai eu une réponse de la rue de la Tutelle. Ils ne possèdent rien t’ayant appartenu. Donc aucune preuve de ton décès. En même temps j’ai reçu du dépôt le mandat de 150 francs mais comme adresse sur l’enveloppe ils avaient mis Mme Veuve Breyer. Sais-tu l’impression que cela m’a fait ! Il me semblait que ce n’était pas à moi qu’elle était adressée. Et vois-tu, je sens toujours que tu me reviendras.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Alfred Wolff

Bonetti, chancelier du conseil d’Italie nous apprend qu’il raccompagne le général Porro il y une semaine venu pour visiter Reims et son front. Ce matin et tantôt encore 4 ballons saucisses Boches sont en observation vers Reims.
Visite du Prince de Serbie qu’accompagne le général Joffre.

Du 3 septembre 1914 au 20 décembre 1916, Alfred Wolff, maître-tailleur spécialisé dans l'habillement militaire, raconte son parcours et ses journées en tant qu'agent auxiliaire de la police municipale. Affecté au commissariat du 2ème arrondissement (Cérès), il se retrouve planton-cycliste et auxiliaire au secrétariat. Il quitte Reims le 25 octobre 1914 pour Chatelaudren (Côtes du Nord), mais reprend son service à Reims le 6 novembre 1915.

Source : Archives Municipales et Communautaires de la Ville de Reims


Lundi 20 mars

Au nord de Reims, notre artillerie a exécuté des tirs de destruction sur les tranchées ennemies de la Neuville et de la ferme du Godat. Activité de nos batteries dans la règion de la Ville-aux-Bois. A l’est de la Meuse, après un violent bombardement, l’ennemi a dirigé hier, en fin d’après-midi, une attaque assez vive contre notre front Vaux-Damloup. Refoulés par nos tirs de barrage, les Allemands ont complètement échoué. Au nord-est de Saint-Mihiel, notre artillerie lourde a canonné les dépôts de ravitaillement ennemis de Varvinay. Cinq de nos avions ont bombardé la gare de Metz-Sablons, les dépôts de Château-Salins et l’aérodrome de Dieuze. Vingt-trois autres de nos avions ont opéré sur le champ d’aviation d’Habsheim, et sur la gare des marchandises de Mulhouse. Nous avons perdu quatre appareils au cours du combat aérien qui a suivi, trois d’entre eux ayant dû atterrir dans les lignes ennemies. Le torpilleur Renaudin a été coulé dans l’Adriatique par un sous-marin.

Source : La Grande Guerre au jour le jour