Louis Guédet

Vendredi 3 décembre 1915

447ème et 445ème jours de bataille et de bombardement

6h1/2 soir  Toujours la tempête. Temps affreux, de la pluie, l’eau ruisselle de partout. Quelques bombes vers 10h. Audience de conciliation, après-midi ouverture par effraction du coffre-fort de M. Changeux. Pris testament et contrat de mariage, et le reste déposé au coffre n°86 chez Camuset et Cie. Reçu des nouvelles de St Martin, ma pauvre femme s’inquiète de la santé de mon Pauvre Père qui vient d’avoir une bronchite et s’en relève difficilement, il ne veut plus s’alimenter. Ce qui l’affaiblit beaucoup, surtout à son âge, 80 ans… !!

Tout cela m’attriste, pourvu que cette épreuve de sa disparition ne vienne pas s’ajouter à toutes celles que j’ai eues depuis 15 mois !…  J’y succomberai. Et puis je vois ma pauvre femme, mes pauvres enfants isolés, perdus là-bas, sans domestiques, à peine abrités. Oh ! c’est affreux !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Vendredi 3 – Nuit tranquille de pluie continuelle. 10 degrés au-dessus de zéro à 6 h. matin. Expédié lettre à la famille Harmel. Reçu envoi de lainages de M. Franc. Via crucis in Cathedrali ; la Cathédrale tout couvert (?) d’eau. De 11 h. à midi, pendant le Conseil, bombes sur la ville, rue Ponsardin m’a-t-on dit.

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Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Vendredi 3 Décembre 1915. Déjà 5 semaines que l’on n’avait pas eu de bombardement mais ils nous ont fait voir ces maudits boches qu’ils étaient encore là. Toute la matinée ils ont tiré sur les batteries de Walbum et c’étaient de vraies marmites, des 220 à ce qu’il paraît. Mais le plus triste c’est qu’à la première il y a eu cinq tués et deux blessés, tous artilleurs, et qui n’avaient pas eu le temps de se protéger. Le vent était tellement fort qu’on ne les entendait pas siffler. Pauvres parents, encore des familles qui vont être dans la désolation. Quelle maudite guerre ! On prétend qu’ils n’avancent pas ; c’est certain mais que faire pour les faire reculer ? Ce sera impossible, ils sont trop fortifiés et trop enterrés. On n’en voit pas la fin.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

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Vendredi 3 décembre

Canonnade en Artois ( Loos, Bois en Hache, Angres). Combat à coups de torpilles près de la cote 140. Un détachement allemand est dispersé par notre feu. Arras a reçu 60 obus.
Nous avons fait sauter une mine et détruit un petit poste à Fay, au Sud de la Somme.
Nous bouleversons les travaux ennemis aux Eparges.
L’armée britannique a marqué une activité accrue. Vingt de ses avions ont opéré à Orisaunout.
Les Serbes tenaient toujours Monastir le 1er décembre. Canonnade dans le secteur français, sur la Cerna et sur le Vardar.
Notre artillerie, aux Dardanelles, fait subir d’importants dommages aux batteries turques.
Les conseils de ministres se succèdent à Athènes, sans qu’il en résulte une précision sur les intentions de la Grèce vis-à-vis de l’Entente. On songe, de nouveau, à prendre à l’égard du gouvernement hellénique des mesures de pression économique.
Un socialiste, à la Chambre de Saxe a évoqué la possibilité d’une révolution. Les catholiques allemands, de leur côté, critiquent vivement l’impuissance du chancelier en présence de la crise des vivres.

Source : La Grande Guerre au jour le jour