Louis Guédet

Lundi 22 novembre 1915

436ème et 434ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Journée splendide. Gelée avec soleil resplendissant. Canon, fusillade, avions. Journée triste, fort triste pour moi, c’est l’anniversaire de la mort de mon cher ami Maurice Mareschal, mon seul ami, un ami que l’on ne se refait pas, qu’on ne retrouve jamais. Ce matin messe à 8h à la chapelle de la rue du Couchant pour lui. Une 30aine (trentaine) de personnes. Lelarge, Farré, Lutta, Villain, employés, Bataille père, Camuset, Gilbrin, Houlon, Abelé, Arnould greffe de commerce, Helluy du Courrier de la Champagne, etc…  appris la nomination de M. le Curé de la Cathédrale l’abbé Landrieux comme évêque de Dijon, le siège de Richelieu. Qui allons-nous avoir comme curé de la Cathédrale, qui a besoin d’un homme hors-pair pour la relever de ses ruines !! Travaillé beaucoup. Causé 2h avec le Procureur de la République, toujours charmant avec moi. Voilà ma journée, fort triste pour moi, quoique resplendissante de lumière et de soleil. Été au cimetière prier sur sa tombe. Le canon tonnait, tonnait « aux Champs » comme quand on le déposait là il y a 1 an. Il y aura 1 an dans 1h d’ici à 8h45 que j’entendis le formidable coup de l’obus éclatant qui le tuera…  Et nous sommes encore là, souffrants, angoissés…  tristes à en mourir…  Y survivrai-je ? Et les miens, mes aimés ???!!! Oh ! c’est trop souffrir !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

Le Courrier publie aujourd’hui cette nouvelle :

M. l’abbé Landrieux est nommé évêque de Dijon.

Un communiqué de l’agence Havas, en date du 20 novembre, annonce la nomination à l’évêché de Dijon de M. l’abbé Landrieux, vicaire général, archiprêtre de la cathé­drale de Reims. …

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Lundi 22 – Nuit tranquille à partir de 11 h ; mais au loin canonnade sourde et continue à l’Est jusqu’à 6 h. du matin. A 9 h., la canonnade re­commence au loin vers l’Est. Visite à la Supérieure du Bon-Pasteur, qui part de Reims demain. Reçu la visite du Colonel du 40e régiment (1) qui m’in­vite à aller dire la messe à ses soldats, caves Mumm, accepté.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Le 40e RI était en 1914 le régiment de Nîmes.

Lundi 22 novembre

Vives actions d’artillerie en Artois, autour de Loos et d’Hulluch, ainsi qu’au nord de la Somme et au nord de l’Aisne. Notre tir a vivement endommagé les ouvrages ennemis à Armancourt, Dancourt, Tilloloy, ainsi que près de Soissons.
Nous avons fait exploser avec succès deux fourneaux de mines à Bolante, en Argonne. Violente canonnade à Vauquois.
Un fourneau de mines a fait explosion sur les Hauts-de-Meuse, au bois des Chevaliers. Aucun dégât n’a été causé dans nos lignes.
Sur le front belge, les abords de Dixmude ont été bombardés. Les aviateurs belges ont bombardé les cantonnements d’Essen.
Le calme a régné sur le front français d’Orient. Toutes les attaques des Bulgares à Kosturino ont été repoussées avec des pertes très sensibles pour nos adversaires.
Les débarquements se poursuivent régulièrement à Salonique.
La légation de Grèce à Athènes a adressé à la presse un communiqué pour dire que les ports hellènes ne recevraient plus de marchandises tant que M. Skouloudis n’aurait pas précisé son att
itude.
Lord Kitchener a conféré à Salonique avec le général Sarrail.
Le ministre de la Justice italien, M. Orlando, a parlé à Palerme devant 50000 personnes. Il a déclaré que son pays ne ferait pas de paix séparée et laissé prévoir l’intervention dans les Balkans.

Source : La Grande Guerre au jour le jour