Louise Dény Pierson

21 mai 1915 ·

Arrive le certificat d’études, fin mai 1915, dans le groupe scolaire Courlancy. C’est un évènement considérable dans la vie d’un enfant.
A l’oral, les filles font de la couture, les garçons du dessin. Mon voisin compose un tableau où des soldats se battent furieusement : Français perçant des Allemands à la baïonnette. La guerre nous marquait tous profondément.
Un mois après, c’est la distribution des prix qui a lieu dans le hall des caves Champion, Place Saint-Nicaise.
Un général préside le jury, je reçois le diplôme du certificat avec un prix qui est « Les voyages d’une hirondelle » et un certificat du général « qu’après X jours de bombardement la jeune élève L.D. a été reçue au certificat d’études ».

Nous sommes tous très fiers de cette attestation, plus peut-être que de tout le reste !
Mais pour moi, ces 3 pièces seront détruites dans l’incendie de la ferme de mes grands parents à Vrigny, en 1918.
Le retour des caves Champion est assuré, comme à l’aller, par un camion conduit par un soldat, un bombardement commence, le camion file à toute vitesse, le conducteur ne veut pas s’arrêter quand nous arrivons au bas de ma rue.
Nous débarquons donc au groupe Martin-Peller et je dois revenir à pied, en rasant les murs. Les obus éclatent un peu partout.
Devant la porte de la Malterie, des officiers me font entrer dans le couloir, ils regardent mon prix et me félicitent, ils ne voulaient pas me laisser partir tant il y a danger. Je me sauve quand même sachant ma mère inquiète et je la trouve en effet venant au devant de moi. Nous rentrons indemnes à la maison.
Note : ci-dessous une photo conservée par la Ville de Reims qui montre des écoliers portant un masque à gaz. Ce cliché date du 11 janvier 1916.

 
Ce texte a été publié par L'Union L'Ardennais, en accord avec la petite fille de Louise Dény Pierson ainsi que sur une page Facebook dédiée :https://www.facebook.com/louisedenypierson/

 Louis Guédet

Vendredi 21 mai 1915 

251ème et 249ème jours de bataille et de bombardement

4h1/2 soir  Journée lumineuse, lourde avec soleil nuageux nébuleux toute la journée. Calme ordinaire sauf vers 3h quelques coups de canons français, et quelques obus allemands. Mis mon courrier en ordre, rangé pas mal de chose en vue de mon départ de demain pour St Martin. En somme journée occupée sans enthousiasme. Je suis assez triste car mon Robert part pour la révision de la classe 17 aujourd’hui, pourvu qu’il soit ajourné comme son frère il est si peu fort aussi.

Reçu visite du gendarme François, ancien concierge de Charles Heidsieck qui m’apprenait qu’il avait arrêté des soldats la nuit dernière en train de vider une cave près de chez Jolivet, rue du Marc, et il…

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…le rencontre, il reporte mon esprit à ces types louches, falots et terribles de 1799, dont on n’a jamais pu analyser la mentalité ni éclaircir les allures, les agissements, les mobiles et les existences !…  singulier personnage que ce Legendre…  Si G. Lenotre (auteur dramatique 1855-1935) vivait dans 50 ans, je le livrerais à ses patientes recherches et à ses analyses ! Il y aurait certainement de curieuses choses à découvrir et de curieux chapitres à écrire sur ce type là !

Je pars demain à 1h revoir mes chers aimés, pourvu que je les trouve bien portants ainsi que mon vieux Père et que nous ayons de bonnes nouvelles de Robert.

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Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

Nuit très calme.

L’après-midi, vers 15 h, nos pièces se mettent à tirer, en réponse à un bombardement sur les tranchées.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Vendredi 21 – Nuit silencieuse. Journée tranquille, sauf quelques coups de canons ou bombes.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173