Louis Guédet
Vendredi 6 juin 1919
1729ème et 1727ème jours
6h soir Beau temps lourd. Journée exténuante du monde reçu. Vu M. Lorin qui m’a dit que l’affaire des Galeries de Meaux et de Chartres allait peut-être entrer dans une nouvelle phase. Il offre de reprendre lui et Tricot le tout, ou Marcel seul. (Rayé). (Marcel Bataille ayant exprimé dans un premier temps vouloir racheter les parts des deux autres associés, ceux-ci les estimèrent largement. A la lecture de cette proposition Marcel Bataille déclara qu’à ce prix il n’était plus acheteur, mais vendeur. Et c’est ainsi que les Galeries Rémoises devinrent les Établissements Lorin & Tricot).
Après-midi Commission rogatoire en remplacement du juge d’instruction, qui est… à Épernay ! alors j’écope de la corvée. Accident du travail, assez compliqué. Cet interrogatoire m’a pris 2 heures. Je suis fatigué… et découragé. Je marche comme un automate !! avec le souci de la santé de ma pauvre femme en plus !! J’agis sans goût, sans espoir, vaille que vaille, à quoi bon ! Je ne sortirai jamais de ma vie misérable, alors je n’ai qu’à me laisser aller… en attendant avec impatience la mort qui me serait une délivrance. Pauvre Être sans espoir. Pauvre Paria ! qui se sera sacrifié, tué pour le Devoir et tâcher de gagner un peu quelque chose pour les siens, et qui ne voit que des ruines et que tout ce qu’il peut entreprendre est frappé de stérilité d’avance. Ανἀγκη Fata !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 6 – Visite du Lieutenant Navoli pour tombes recherchées. Bois des Bouleaux(1)
(1) Pendant encore de nombreuses années on va tenter de regrouper dans des cimetières importants toutes les tombes dispersées, tout en proposant aux familles de leur rendre les corps qui auront pu être identifiées. On estime actuellement à 100 000 le nombre de morts au champ d’honneur dont les corps n’ont pas été retrouvés.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 6 juin
Les quatre ont continué l’examen du contre-projet allemand. Ils ont discuté spécialement les questions qui se rattachent à la frontière polonaise et au statut de la Haute-Savoie.
Les Cinq ont adopté une procédure pour le débat, qui s’est élevé entre la Belgique et la Hollande en ce qui concerne la révision du traité de 1839. Cette procédure va être notifiée aux deux gouvernements intéressés.
A la suite de la proclamation de la république rhénane, le gouvernement de Berlin a décidé de faire des concessions au particularisme.
Source : La Grande Guerre au jour le jour