Louis Guédet
Lundi 14 janvier 1918
1221ème et 1219ème jours de bataille et de bombardement
8h soir De la neige et du dégel. Le calme. Journée absorbée sans rien de bien saillant. Courrier rattrapé. Vu un peu à mon retard d’affaires, j’ai préparé mes papiers pour mon voyage à Paris. Rencontré cet après-midi Raullaux des Eaux de la Ville, très monté contre le Maire. Bref je crois que le Docteur Langlet a tous les services Municipaux sur le dos… ah ! l’amour de ruban !… Vu Landréat et mis notre audience de demain au point.
Lettre du Lieutenant-colonel du Génie R. Normand qui se souvient de moi et me rappelle notre altercation avec un Boche à l’Hôtel des Alpes à Interlaken en 1900 ! (il n’était que lieutenant de Génie alors). C’était au moment de l’affaire Dreyfus et mon Prussien nous tapait passablement sur les nerfs avec l’innocence de Dreyfus, sur le peu de Justice en France, et… alors agacés nous enguirlandâmes le Boche de la belle manière, on lui signifiait de se taire et de se mêler de ses affaires, nous ne nous occupions pas de ce qui se passait en Prusse. Bref le Prussien rentra dans sa coquille et nous eûmes la paix, à la grande joie des autres villégiateurs.
Vu Dor qui m’a demandé de rester à dîner avec eux le soir du contrat, c’est-à-dire mercredi. Voilà ma journée. Je vais tâcher de préparer mes allocations militaires pour les soumettre à M. Albert Benoist à Paris.
Lettre de mon Jean qui me félicité et a appris ma décoration par l’officier qui lui notifiait sa nomination au grade de sous-lieutenant. Heureuse coïncidence. Ils sont au calme.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 14 – Nuit tranquille. Obus sifflent 8 h. 45 sur batteries ? Visite de M. Sainsaulieu ; M. Abelé, soldat, celui qui est marié.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 14 janvier
Canonnade habituelle sur notre front.
Rencontre de patrouilles au front anglais, dans la région d’Armentières.
Sur le front italien, engagements dans les régions du Tonale et de l’Adamello, et sur la Piave. L’aviation italienne a jeté 1600 kilos d’explosifs.
Les aviateurs anglais ont abattu quatre avions autrichiens; un cinquième, abattu par les aviateurs autrichiens, est tombé en flammes.
Le contre-torpilleur britannique Racoon a touché des rochers au nord de la côte d’Irlande, et s’est perdu. 22 hommes de l’équipage ont péri.
La relation maximaliste des nouvelles conférences de Brest-Litowsk établit que Trotski aurait tenu un ferme langage devant Kuhlmann et Czernin. Il aurait protesté contre l’annexionnisme pangermaniste, revendiqué pour la Lithuanie, la Pologne, la Courlande, l’Arménie, le droit de se prononcer librement sur leur sort, et réclamé la paix démocratique et juste.
La Russie continue à s’émietter. On annonce la formation d’un État d’Arkhangel qui comprendrait les gouvernements du Nord et irait jusqu’aux lisières de la Sibérie.
La situation alimentaire est devenue plus précaire que jamais à Moscou.
Source : la Grande Guerre au jour le jour