Louis Guédet

Jeudi 15 mai 1919

1707ème et 1705ème jours

9h matin  Toujours du beau temps plutôt chaud. Je suis d’une tristesse indescriptible, et découragé à l’avenant !! Mon Dieu, que la mort me serait une délivrance !! Je n’en puis plus ! Mon agonie est trop longue ! Et puis je ne sais où je vais !! Je suis désespéré.

7h soir  Du monde en quantité. Audience à 2h jusqu’à 6h1/2 du soir. Réquisitions. Conciliations. Conseils de familles. Je suis très fatigué. Et mon chagrin, mon désespoir ne font qu’accentuer cette fatigue. Que dirais-je de plus, rien. Rien de drôle à ces conciliations. Le nouvel intendant est de la carrière. Donc rien à faire. En sorte que les affaires passent sans intérêt. Tout cela me lasse !! du reste je n’ai plus aucun goût au travail ni à quoi que ce soit. Mon Dieu que la mort me serait une délivrance !!

Je pars demain pour St Martin, encore souffrir à voir encore ma pauvre femme malade, hélas !! Quel calvaire que ma misérable vie !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Jeudi 15 – Cinéma, film à la Cathédrale à 9 h. photographies du Cap. Faure. Départ pour la retraite des prêtres démobilisés, au Waridon, Charleville.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Jeudi 15 mai

Une crise gouvernementale apparaît imminente à Berlin. Les catholiques et les démocrates prétendent vouloir se retirer du cabinet, et les socialistes indépendants refusent d’assumer les charges du pouvoir.
Les délégués autrichiens sont arrivés à Saint Germain.
Le transport des troupes polonaises à travers 1’Allemagne serait suspendu.
Les Tchèques annoncent qu’ils ont subi une attaque du côté hongrois.
Brockdorff-Rantzau s’est fait interviewer. Il a déclaré que l’Allemagne subissait la méfiance générale et qu’elle devait prouver par des actes qu’elle avait changé d’esprit.