Louis Guédet

Lundi 21 avril 1919

1683ème et 1681ème jours

7h soir  Beau temps, hélas ! je ne peux marcher. Comme Achille je suis pris par le talon !… Et la campagne est si belle avec ses arbres en fleurs et sa tendre verdure ! Pauvre cher St Martin ! Je ne puis pas jouir de toi ! Ma femme a eu un étourdissement, qu’est-ce que c’est !! Enfin nous ne sommes pas heureux hélas ! mais ce que je souffre de les voir tous, mes chers aimés, dans la misère et le malheur.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 21 – Mgr eveux va à l’Epine. Visite du… de la Place m’invitant de la part du Général Didier à aller aux Cavaliers de Courcy à la Pompelle à 12 h moins 1/4. Visite de M. Mailfait. Visite avec le Général et le Lieutenant à Mad. Didier : vu un tank allemand (route de Berry-au-Bac) échoué sous nos canons, route de Neufchatel (1) ; aux Cavaliers de Courey ; près La Neuvillette et à la Pompelle. Visite de M. le Curé de Villedommange venu pendant mon absence, et de M. de Bohan.

(1) Ce char allemand avait été détruit par un canon antichar le 1er juin 1918, à hauteur de la Ferme Pierquin. Le nom de « tank » provient des précautions prises par les Britanniques pour cacher aux espions allemands la nature de la nouvelle arme pendant sa mise au point. C’est ainsi qu’elle fut nommé « tank » (réservoir) dans les écrits la concernant et que le nom lui restera
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Lundi 21 avril

Les Quatre ont réglé dans sa totalité l’affaire de Dantzig. Ce port de la région de Marienwerder formeront un État autonome sous le contrôle de la Pologne.
Les délibérations sur Fiume ont continué. Le gouvernement italien persiste à réclamer la ville en laissant le faubourg de Sussak à la Serbie. Le président Wilson insiste pour que l’Italie fasse des concessions en Dalmatie.
MM. Wilson, Clemenceau et Lloyd George continuent à négocier une convention d’alliance défensive qui nous offrirait toutes garanties contre une nouvelle agression allemande et qui serait publiée en même temps que le texte du pacte de la Société des Nations.
Les Cinq ont statué sur la révision du traité de 1839 relatif à la Belgique et sur le ravitaillement des pays baltiques.
Le maréchal Foch a fait à M. Clemenceau une longue visite.
Le comte Czernin a été arrêté à la frontière autrichienne.

Source : La Grande Guerre au jour le jour