Louis Guédet

Samedi 1er mars 1919

1632ème et 1630ème jours

Midi  Beau temps, du soleil ! Je vais tâcher de sortir un peu par cette journée printanière ! Les cloches de St Maurice sonnent pour le Docteur Henrot, ancien maire opportuno-radical de Reims, beau-père d’Émile Charbonneaux notre adjoint (le Docteur Henri Alfred Henrot est décédé à Paris le 25 février 1919). C’est la première fois que j’entends sonner les cloches à Reims depuis fin août 1914 !! Cette sonnerie lente et mélancolique m’impressionne énormément par ce soleil printanier ! Tout vibre en moi, les souvenirs s’agitent tumultueusement en moi ! Des cloches sonnent le glas ! mais des cloches sonnent dans Reims et leur son berce nos ruines ! et nos cœurs !!

8h soir  Demain heure d’été, il serait donc 9h. Courrier chargé. Visite de Bruneteau notaire à Fismes qui venait d’Épernay porter des testaments ! en même temps que ceux de Cailteaux. Sorti ensemble pour voir le sous-préfet pour rapatrier les archives de Cailteaux évacués par les allemands à Rethel. Nous nous sommes mis d’accord avec le secrétaire du Sous-préfet pour y arriver. En sortant tombé sur Thiénot, causé un instant.

Cette nuit, anniversaire de mon incendie de 1915 !! Quelle nuit !!… Comment n’y suis-je pas resté !!!…

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 1 – Visite à S. Benoît. Visite de M. Gernelle.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 1er mars

 

Le Comité des Dix a décidé qu’une commission centrale serait créée pour délibérer sur les questions territoriales. Il a entendu ensuite un exposé de la question sionique.
La Chambre a voté la prime de démobilisation.
M. Clemenceau est retourné au ministère de la Guerre où il a repris la direction des services.
La commission du budget de la Chambre a continué à délibérer sur la question financière. Elle s’est prononcée contre l’impôt du capital.
Un nouveau mouvement révolutionnaire se dessine en Allemagne. Il y a des troubles à Augsbourg et à Dusseldorf; la grève générale a été proclamée en Saxe et en Thuringe et Weimar est, en quelque sorte, isolée. Ludendorf demande a être traduit devant un tribunal.
Les mineurs anglais ont décidé d’ajourner au 22 mars la proclamation de la grève. La conférence industrielle s’est ouverte à Londres.
M. de Romanones, en présence des difficultés intérieures et extérieures, a décidé de suspendre les Cortes. Cette décision est très commentée à Madrid, où l’on parle de l’éventualité d’une crise ministérielle. La situation a d’ailleurs empiré à Barcelone.
Les bolchevistes mettent Petrograd en état de défense. Les Lituaniens annoncent qu’ils ont remporté une victoire sur eux.