Louis Guédet

Mercredi 26 mars 1919

1657ème et 1655ème jours

7h1/2 soir  Temps gris froid couvert. Dérangé continuellement ! pas un instant à moi ! Je n’ai pu rattraper mon courrier ! De plus je suis exténué d’une nuit blanche avec des crampes d’estomac terribles. Dans la journée plusieurs fois j’ai cru que j’allais m’évanouir ! Je ne mange pas ou peu. Melle Thiérard est partie pour 8 jours et je suis obligé de faire ma cuisine !! Et Dieu sait quelle cuisine !! Vie misérable, de paria !! Ce soir je me suis fait réchauffer des pommes de terre frites avec un peu de petits pois en conserve et un morceau de viande froide.

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…et ? (rayé)! C’est tout (découpé) et pourvu que je repose sans souffrance !! Et ma pauvre femme qui est malade (rayé). Tout cela me tuera !! (Rayé).

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 26 – Visite de M. Gayet, dee M. Bégny curé de Brimont.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Mercredi 26 mars

La Conférence n’a publié que la note suivante:
 » Le Conseil suprême des alliés s’est réuni de 4 heures à 6 heures. La question des câbles sous-marins ennemis capturés par les alliés a été examinée. Le régime futur de ces câbles a été arrêté et la disposition relative à ce régime a été renvoyée à la commission de rédaction.
La proposition américaine concernant le pouvoir de décision de la commission de Teschen a été adoptée. « 
Mais il est certain que d’autres questions ont été traitées. Il est évident que le problème hongrois, en particulier, a donné lieu à une longue délibération. On sait, au surplus, qu’avant la réunion du Conseil supérieur, les chefs de gouvernements avaient tenu séance.
Le gouvernement révolutionnaire de Budapest a édicté un certain nombre de mesures. Il annonce en particulier la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la formation d’une armée rouge. D’après les nouvelles informations qu’on reçoit, le passage de l’état ancien à l’état nouveau ne s’est pas opéré sans effusion de sang.
La grève générale a éclaté à Barcelone. Le cabinet Romanones, qui avait l’intention de démissionner, demeure en fonction.
De nombreuses réunions ont eu lieu en Allemagne pour protester contre le détachement de Dantzig, de la Prusse occidentale et au bassin de la Sarre.
Des bruits de crise ministérielle ont circulé à Prague. On n’a pas confirmation à Paris de la démission du cabinet Kramarz.
Un grand débat s’est engagé à la Chambre à propos de la politique extérieure de la France et spécialement de l’intervention en Russie.
Le gouvernement bavarois a ordonné une socialisation intégrale des industries. Une discussion s’est ouverte à la Chambre de Prusse au sujet des territoires rhénans. Les députés du centre, démentent qu’ils aient l’intention de créer un Etat wesphalo-rhénan.
M. Winston Churchill a prononcé aux Communes où il étudue, région par région, la situation militaire sur les fronts russes.