Louis Guédet
Vendredi 21 février 1919
1624ème et 1622ème jours
11h matin Beau temps couvert, rayés de soleil, mais pas de pluie. Assez bien dormi. Je suis toujours fort triste, découragé, mes larmes coulent malgré moi à chaque instant. Je crois que je deviendrai fou !
Travaillé toute la matinée, sans goût, sans cœur.
Le bas de la page a été découpé.
C’est aimable à ces braves gens, mais c’est bien assommant et cela me fait perdre un temps précieux.
Vu Bienvenüe (Pierre Bienvenüe) du « Rémois » ! Causé ! Il ne mâche pas sa façon de penser au sujet des prétentions des juges du Tribunal civil de Reims de rester envers et contre tous à Épernay encore 3 ou 4 ans !! Pourvu qu’il ne me mette pas en jeu et me mette pas en opposition ma rentrée ici… avec… le mauvais vouloir du Tribunal civil de Reims !! Après tout cela ne me regarde pas !
Je suis désespérément triste ! Je m’acharne au travail, mais dès que je reste une minute désœuvré, de sombres et épouvantables pensées m’assaillent et me ont désespérer de l’avenir et de me voir sortir de ma misère et de ma ruine !! Si encore il n’y avait que moi qui sombre !! mais ma femme et mes enfants ! c’est atroce !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 21 – Rentrée à Reims. Visite de la Duchesse de Plaisance et de trois autres personnes.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 21 février
Un attentat a été commis contre M. Clemenceau par un libertaire du nom de Cottin, qui a tiré sept coups de revolver sur le président du Conseil. M. Clemenceau a été blessé à l’épaule. Des manifestations de sympathie pour le chef du gouvernement se sont produites à la Chambre. Des télégrammes sont arrivés, des gouvernements alliés, en particulier du roi George V et de M. Orlando. M. Lansing a fait une démarche personnelle au domicile de M. Clemenceau. Les commissions de la Conférence ont exprimé leurs voeux de prompt rétablissement.
Erzberger a fait sur l’armistice, devant l’Assemblée nationale de Weimar, des déclarations inexactes et que rectifie une note officielle.
L’ambassade d’Italie dément le mariage de la princesse Yolande de Savoie avec le prince de Galles.
M. Winston Churchil, dans un discours qu’il a prononcé à Mansion House, a déclaré que l’Angleterre maintiendrait 900.000 hommes sous les drapeaux. Elle démobilisera les trois quarts de son armée, le dernier quart devant recevoir double paie. Ainsi sera assurée l’exécution des clauses de l’armistice imposé à l’Allemagne.
Un débat a eu lieu à la Chambre sur la démobilisation, et un autre sur le ravitaillement.
Source : La Grande Guerre au jour le jour