Louis Guédet
Samedi 8 février 1919
1611ème et 1609ème jours
9h Temps magnifique ! du soleil, malgré cela une bise aigüe, il a du reste gelé fortement, le thermomètre marquait ce matin 12° au-dessous de zéro. Je suis là, désœuvré, ne sachant encore quand je partirai. Il faudrait cependant que ce fut bientôt, mais je n’ai encore rien d’organisé à Reims comme nourriture et domestique ! Puis tout mon linge est sale, il me faut attendre qu’il soit lavé pour que je puisse en emporter un peu d’avance, et comme je suis à court il me faut attendre que ce peu de linge soit blanchi.
Et puis par ce froid terrible ! J’hésite ! à aller m’enterrer là-bas ! Il le faut cependant.
4h Courrier assommant, décourageant ! Je suis toujours aussi délabré ! découragé ! oh ! plutôt la mort que cette misérable vie ! Je suis si las !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Samedi 8 – 31e anniversaire de ma Consécration. Agimus tibi gratias omnipotens.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Samedi 8 février
Les délégués de l’Entente chargés d’enquêter sur les affaires de Pologne, ont tenu séance au quai d’Orsay.
Le Conseil supérieur de guerre interallié a également siégé.
La réponse de Tchitcherine au sujet de la conférence de Prinkipo est très développée. Elle offre le paiement des dettes de la Russie, des concessions forestières et minières et même territoriales. Les Alliés doivent délibérer là-dessus.
M. Lloyd George a quitté Paris.
La délégation des îles d’Aland a déposé un memorandum devant la conférence en demandant le rattachement de l’archipel à la Suède.
Un nouveau sous-secrétariat a été créé pour la liquidation des stocks.
La conférence socialiste de Berne a ajourné à plus tard le grand débat sur les responsabilités de la guerre. Elle a adopté un texte concernant la Ligue des Nations.
Ebert a prononcé un grand discours à l’ouverture de l’assemblée nationale de Weimar. Il a reconnu que l’Allemagne avait perdu la guerre, mais rappelé que l’ancien régime avait déjà ouvert les pourparlers en vue de l’armistice. Il a exprimé l’espoir que l’Allemagne pourrait entrer dans la Société des Nations et protesté violemment contre les rigueurs de l’armistice. Des troubles ont éclaté à Hambourg et à Kiel. Le bombardement de Brême a fait de grands dégâts.
La Chambre a voté l’article premier de la loi contre les accapareurs et spéculateurs.