Louis Guédet

Lundi 7 octobre 1918

1487ème et 1485ème jours

6h soir  La pluie, parti à 5h du matin entre 2 ondées. Pris un train de permissionnaires, d’où descendait Jean qui vient en permission. A Châlons fait mes courses. Et surtout écœuré de l’indifférence, je devrais dire l’animosité des gens pour tout ce qui est évacué ou l’émigré. C’est honteux. Obtenu le passeport de Marie-Louise très facilement. Revenu par le train de 4h et arrivé ici par une pluie battante. Trouvé Maurice avec de la fièvre, Jean bien portant. Ma femme va mieux. Lettres en quantité, cela me coupe bras et jambes, ne sachant où commencer, et puis des lettres de clients qui ne songent qu’à eux et ne s’inquiètent pas des difficultés que nous avons à surmonter. Dans l’Écho de Paris d’aujourd’hui Marcel Hutin en a une violente. Il a l’audace de demander aux négociants en vins de Champagne de Reims de casquer de nouvelles bouteilles pour…  les État-majors !! qui ont délivré ????!! Reims !!! Non ! mais, c’est de l’inconscience et du cynisme !! Il ne sait donc pas que les État-majors ont pillé les caves et que la Champagne était leur ordinaire !! lisez plutôt :

« Je pense aux innombrables bouteilles de Champagne pour une valeur de plusieurs milliards qui restaient dans les caves de Reims, que le Kronprinz et ses soldats se promettaient de sabler pendant leur ruée du 15 juillet ! Nos propriétaires champenois, toujours si généreux, n’oublieront assurément pas nos troupes, leur état-major ( ?!!) et leurs services de l’arrière !! qui ont sauvé Reims et délivré le Champagne de la souillure allemande ! »

Je n’insiste pas ! quand je songe aux pillages éhontés des officiers d’État-major ! dont j’ai été témoin ! Ce journaliste me dégoute.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Cardinal Luçon

Lundi 7 – Visite de M. Bretaudeau, doyen des Ponts-de-Cé, mon condisciple. Visite au Préfet à la Préfecture. 10 h. départ pour Paris.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Lundi 7 octobre

Les troupes allemandes, sous la pression des forces franco-américaines, se replient sur le front de la Vesle et sur le front de Champagne. Le front de recul est de quarante-cinq kilomètres.
Reims a été d’abord dégagé, le fort de Brimont, le massif de Moronvilliers, occupés; puis, la poursuite continuant, nos soldats ont franchi le canal de l’Aisne, dans la région de Sapigneul, atteignent les abords d’Aguilcourt. Plus à l’est, ils approchaient d’Auménancourt-le-Petit.
Puis Nogent-l’Abbesse et son massif étaient dépassés. Nous occupions le village de Pont-Faverger, sur la Suippe.
Sur l’Arnes, nos éléments avancés ont abordé la crête boisée au nord de la rivière. Plusieurs centaines de prisonniers ont été faits.
Au sud de l’Ailette, les Italiens ont pris Soupir et son parc.
Au nord de Saint-Quentin, nous avons progressé à l’est de Lesdins.
Les Anglais ont pris Montbrebain, en y capturant 500 Allemands. L’ennemi a vainement essayé de rentrer dans ce village. Beaurevoir a été également enlevé. Le total des prisonniers dans cette région est de 1000.
L’Allemagne, l’Autriche et la Turquie ont envoyé des messages à Wilson pour fui offrir d’entamer des pourparlers sur la base de ses derniers messages.

Source : La Grande Guerre au jour le jour