Louis Guédet
Lundi 23 septembre 1918
1479ème et 1477ème jours de bataille et de bombardement
4h soir Temps sombre, maussade, c’est l’automne. Pluie battante toute la nuit. Nos troupes sont parties à 11h par ce triste temps. Pas un train. De la migraine toute la matinée. Courrier assez chargé que je viens de terminer. Des affaires embêtantes, avec des gens qui ne se rendent pas compte des difficultés de la situation actuelle, et tout cela par pur égoïsme ! Ils ne sont pas gênés ni atteints par la Guerre, qui n’existe pas pour eux. Alors tout doit marcher à leur guise comme avant 1914. Tristes gens ! Rien dans le journal. Ici on sent que l’attaque en Champagne ne doit pas tarder !! Par ce temps pluvieux, ce n’est guère favorable ! Encore l’hiver à passer ! Que cela est triste ! Cela me décourage beaucoup, et vraiment je désire mourir avant la délivrance de Reims ! car je sens bien que je ne pourrais pas résister aux émotions pénibles du retour et au travail que j’aurais à produire seul ! N’ayant personne pour m’aider. Si j’avais seulement un clerc ou 2 qui puissent un peu se débrouiller ! Mais personne ! rien !… Je suis tout à fait découragé en songeant à tout cela. Je n’ai jamais eu de chance, du reste ! A quoi bon vouloir vaincre cette malédiction !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 23 – Service pour les soldats. Diné avec les généraux et officiers. Parti avant la fin pour gare. Départ pour Paris et la Vendée où je vais remercier Mgr l’Évêque d’Angers qui au 29 mai et au 18 juillet m’avait offert l’hospitalité de son Évêché ; que je n’ai pas acceptée, préférant rester dans mon diocèse, que je ne voulais pas quitter.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 23 septembre
Grande activité d’artillerie dans la région de Saint-Quentin et au nord de l’Aisne.
Sur le front de la Vesle, nous avons repoussé deux coups de main ennemis.
Nos détachements ont pénétré dans les lignes allemandes, en Champagne et en Lorraine, et ont ramené, des prisonniers.
Les troupes anglaises ont renouvelé leur attaque à l’est d’Epéhy. Elles ont fait de nouveaux progrès, s’emparant de la ferme de Petit-Preil et d’autres points fortifiés. Elles ont capturé un certain nombre d’ennemis.
Au sud de Villers-Guislain, une attaque locale ennemie a été repoussée après de vifs combats. Les Anglais ont avancé leur ligne dans ce secteur. L’ennemi a attaqué de nouveau à Moeuvres et a été repoussé. Nos alliés ont également ici amélioré leurs positions.
Des troupes anglaises ont exécuté une heureuse opération locale au nord de la Scarpe, dans le voisinage de Gavrelle. Elles ont avancé leur ligne sur un front de deux milles et ont pris quelques Allemands.
Une patrouille ennemie a été repoussée à l’ouest d’Acheville.
L’avance franco-Serbe se développe en Macédoine dans la direction de Prilep. Le point important de Kavadar, entre Prilep et le Vardar, a été occupé.
Nouveaux progrès des Anglo-Egyptiens en Palestine, des deux côtés du Jourdain.
Source : La Grande Guerre au jour le jour