Louis Guédet

Mercredi 7 août 1918

1426ème et 1424ème jours de bataille et de bombardement

8h matin  Pluie toute la nuit. Temps maussade d’automne. Du reste, depuis une 15aine (quinzaine) de jours, le soleil prend des tons d’automne et toute la matinée. Alors…  l’hiver ? encore à passer dans l’exil, le désœuvrement ! Plus j’y songe plus j’y réfléchis ! Je désire de plus en plus jamais ne retourner à Reims. J’y ai trop souffert, et sans aucun autre résultat que la ruine, la misère, la tristesse, les angoisses qui ne font qu’accroitre. Triste vieillesse que j’aurai ! Oh plutôt mourir tout de suite.

8h soir  Reçu vers 3h la visite de notre héroïque Maire le Docteur Langlet qui venait de Togny me voir pour me demander un conseil sur une succession à laquelle il serait appelé à succéder à Châlons. Causé un certain temps avec lui. Causé de Reims. Il m’a confirmé la destruction de St Remy. Parlé de la Chasse dans laquelle les reliques n’étaient plus du reste. Cette Chasse est moderne puisqu’elle a été faite pour la reconnaissance des Reliques par Mgr Langénieux (archevêque de Reims de 1874 à 1905) il y a une 15aine (quinzaine) d’années environ. Je l’ai reconduit un bout de chemin par la vieille route. Il me disait qu’il savait par une personnalité que Poincaré et Clemenceau étaient très satisfaits des événements présents et à venir.

Été ensuite à Songy pour des chaussures à réparer pour Maurice, acheté du beurre pour Marie-Louise… Rentré travailler. Écrit aussi une lettre à M. Eugène Leroux pour le féliciter de sa nomination à la Direction des Affaires Criminelles et au Conseil d’État, acheminement à de plus hautes fonctions, tout en lui exprimant mes regrets de le perdre. Il est vrai que j’aurais mieux aimé qu’il restât à la Direction du Personnel. C’est ma chance ! Tout m’abandonne.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 7 – Visite de Lady Austin Lee, apportant calice, burettes, pierre sacrée de son autel. Visite de M. le Curé de Plaisance demandant mon nom pour une œuvre d’orphelins

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 7 août

Nous avons atteint la Vesle en plusieurs points à l’est de Fismes. Les arrières-gardes ennemies ont opposé une vive résistance notamment entre Muizon et Champigny. Nos éléments légers ont néanmoins réussi à prendre pied sur la rive droite en divers endroits. Fismes est en notre possession.
Au nord-ouest de Reims, nous avons gagné du terrain jusqu’au village de la Neuvillette, que l’ennemi défend avec énergie.
Sur la rive gauche de l’Avre, entre Castel et Mesnil-Saint-Georges, les Allemands ont été contraints d’abandonner une partie de leurs positions devenues intenables à la suite de notre avance du 23 juillet. Nous avons occupé Braches, pénétré dans Hargicourt et porté nos lignes aux lisières ouest de Courtemanche. Nous avons fait des prisonniers.
Les Anglais ont repoussé un détachement allemand au sud d’Arras.
En Macédoine, canonnade sur la Strouma et le Vardar.
Lutte d’artillerie et combat de patrouilles au sud de Huna et devant le front serbe.
Sur le front italien, le Dosso Alto (cote 703) a été enlevé aux Autrichiens. L’occupation a été consolidée sous la protection efficace de l’artillerie. Des groupes ennemis qui tentaient une résistance ont été maîtrisés. 4 officiers et 172 soldats autrichiens ont été capturés. Un détachement français a fait 125 prisonniers à l’est d’Asiago; à l’ouest d’Asiago, raid heureux des Anglais.

Source : La Grande Guerre au jour le jour