Louis Guédet

Mardi 16 juillet 1918

1404ème et 1402ème jours de bataille et de bombardement

8h1/2 matin  Temps lourd orageux, hier chaleur étouffante. Cette nuit visite d’avions sur Châlons qui a dû recevoir pas mal de bombes ! Les batteries antiaériennes ont fait rage, les réflecteurs sillonnaient le ciel, les shrapnells éclataient et piquaient le ciel d’étincelles multiples. Nous saurons le résultat dans l’après-midi. Hier à 8h je suis retourné à Vitry-la-Ville où le communiqué n’était pas mauvais. Les allemands avaient attaqué sur un front de 80 kilomètres de Château-Thierry à Massiges. Ils ne seraient pas avancés d’une semelle sur ce front d’attaque sauf vers Château-Thierry sur 2 ou 3 kilomètres seulement. La bataille continue, si nous nous maintenons ce sera une défaite pour les Allemands et ce serait le commencement de la fin.

3h soir  De l’orage ce matin avec un peu de pluie. En ce moment le canon tonne fortement du côté de Reims. Il fait une chaleur épouvantable, il y a du vent mais quand on sort des maisons on croirait entrer dans une fournaise, un vrai vent  de sirocco. La chaleur est accablante. Pas de communiqué à Vitry-la-Ville ce matin. En aurons-nous un ce soir. Cela va-t-il bien ou mal ? Cela me rappelle notre situation à Reims, moins les allemands, entre le 3 et le 12 septembre 1914, la bataille de la Marne : on entendait le canon, mais pas une nouvelle quelle qu’elle soit ! Et nous n’en sommes qu’au 2d jour !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Massiges
Massiges

Cardinal Luçon

Mardi 16 – Donné à l’imprimeur la Lettre collective (n° 108) pour les Prières publiques du 4 Août. Visite de M. Andrieu qui revient de Corfou. Retour des Sœurs et des bagages. Elles arrivent rue d’Ulm. Un Américain les voyant à la gare dans l’embarras, se montra pour elles de l’obligeance la plus empressée. II les ramena avec leurs bagages rue d’Ulm. Visite de M. Schmoll, administrateur du Gaulois, qui nous avait fait reconduire, Mgr Neveux et moi, le 15 au soir, de la gare à la rue d’Ulm.

A 5 h. 20, encore un obus, c’est le 5e ou 6e, je pense.

Cour du procès Malvy en Haute Cour

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 16 juillet

 

Après une violente préparation d’artillerie, les Allemands ont attaqué depuis Château-Thierry jusqu’à la Main-de-Massiges, sur un front de 80 kilomètres.
La lutte a été d’une extrême violence. A l’ouest de Reims, des combats acharnés ont eu lieu autour de Reuilly-Courthezon, Vasly. L’ennemi a réussi à s’infiltrer au sud de la Marne, entre Dormans et Fossoy. Une contre-attaque des Américains a refoulé les Allemands qui avaient franchi le fleuve à l’ouest du Fossoy.
Entre Dormans et Reims, nos troupes et les troupes italiennes résistent sur une ligne Châtillon-s.-Marne, Cuchery, Marfaux, Bouilly.
A l’est de Reims, de Sillery à Massiges, nos contingents ont opposé une défense irréductible. La ligne passe par Prunay, les Marquises, au nord de Prosnes et de Souain.
Les Anglais ont avancé leur ligne en Flandre, à l’est du lac de Dickebusch, sur un front de deux kilomètres. Ils ont fait 296 prisonniers, capturé quelques mitrailleuses ainsi que du matériel. Leurs pertes ont été légères. Ils ont amélioré leurs positions légèrement au sud de Villers-Bretonneux et fait quelques prisonniers. D’autres ont été également capturés dans un raid heureux aux environs d’Ayette.
Activité d’artillerie au sud d’Arras, au nord de Béthune et dans le secteur de Locre.
Les troupes anglo-indiennes ont fait 50 prisonniers à l’est du Jourdain, en Palestine.

Source : La Grande Guerre au jour le jour