Louis Guédet

Dimanche 21 juillet 1918

1409ème et 1407ème jours de bataille et de bombardement

10h matin  De la pluie toute la nuit et probablement toute la journée, du vent mais la température est rafraîchie, heureusement. Vent de tempête hier après-midi, cassant des arbres. Rien entendu la nuit, bien entendu et pas d’avions par ce temps. Rien à faire qu’à attendre. Robert ne vient pas, aura-t-il seulement une permission.

7h1/2 du soir  Au courrier 2 lettres, une de Jolivet et une de mon Procureur de la République qui m’annonce qu’il a été évacué par ordre d’Épernay à Sézanne ! que des obus ont cassé tous les carreaux du Palais de Justice et sont entrés dans son cabinet !! dans celui de Populla (à vérifier) et de Texier ! (Rayé). Bref, je ne doute pas que mon brave Procureur n’ait pas poussé un peu à la roue pour qu’on lui donnât l’ordre de filer ! Je lui répondrai demain. Été cet après-midi avec André et Maurice à Togny voir les trous d’obus des avions du 18. Continué par le chemin des prés vers la ferme de Montjalon pour tomber sur le camp d’aviation afin de montrer à Maurice des avions qu’il n’avait jamais vu de près. Mais nous n’avons pas eu la chance d’en voir un s’envoler. Ce sera pour une autre fois. Revenu par Togny, arrêté à Vitry-la-Ville voir le communiqué qui est très bon. Nous avons repris toute la rive sud de la Marne, et nous sommes dans Château-Thierry. Nous progressons toujours… La Directrice des Postes, Mme Marchal, me disait que les américains lui avaient affirmé que dans la boucle de Dormans les allemands avaient fui tellement vite qu’ils auraient laissé 700 canons et sans doute des prisonniers en proportion. Maurice descend très bien les côtes que nous avions à descendre. Il se développe très bien et a du sang-froid.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 21 – Les Allemands qui avaient passe la Marne hier la repassent en hâte. Reprise par les Français de Château-Thierry. Mort de M. Renard, Curé de Saint-Brice

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dormans, après la seconde bataille de la Marne, juillet 1918

Dimanche 21 juillet

L’avance de nos troupes continue sur le front de Champagne.
Entre Aisne et Marne, les Franco-Américains ont poursuivi leur offensive en refoulant l’ennemi qui se défend avec opiniâtreté. Ils ont atteint Ploizy, Parcy- Tigny, dépassé Saint-Remy, Blanzy et Roget-Saint-Albin. Plus au sud, nous tenons la ligne générale Pries, plateau nord-est de Courchamps.
Entre la Marne et Reims, de violents combats sont en cours.
Les troupes franco-britanniques, attaquant avec vigueur, se sont heurtées à des forces importantes. En dépit de la résistance acharnée de l’ennemi, nous avons gagné du terrain dans le bois de Courton, dans la vallée de l’Ardre et vers Sainte Euphraise. Le chiffre de nos prisonniers, depuis le 18, dépasse 20000. Plus de 400 canons sont tombés entre nos mains.
Les Anglais, dans le secteur de Meteren, ont avancé sur un front de quatre kilomètres. Ils ont pris le village et un groupe de maisons situé au sud-ouest. L’ennemi a opposé une résistance acharnée. Le nombre de prisonniers qu’ont capturé nos alliés est de 436. Ils ont également réussi un raid près de Beaumont-Hamel, pris des hommes et des mitrailleuses.
Succès italien dans le massif de l’Adamello

Source : La Grande Guerre au jour le jour