Louis Guédet

Mardi 1er mai 1917

962ème et 960ème jours de bataille et de bombardement

9h soir  Beau temps, vent d’Est, frais. Bombardement la nuit vers rues Gambetta, Jard. Appris la mort de M. Millet-Philippot, rue Ponsardin, aux caves des Établissements Économiques, juste comme les journaux annonçaient que nos troupes étaient arrivées à son rendez-vous de chasse de Beine-Nauroy. Voilà notre pauvre chasse qui va être enfin libérée au bout de 34 mois. Peu de faits saillants. Pas sorti le matin, après-midi Poste, Hôtel de Ville, Raïssac, Houlon. Lettre de Robert, du 25, me disant que la grande attaque a fait long-feu, comme le 25 septembre 1915, il en a l’air tout déconcerté, le pauvre petit. Lettre du Procureur de la République, fort élogieuse et me priant d’aller me reposer un peu à St Martin. Je lui réponds que je ne demande pas mieux, mais que chaque jour j’espère la délivrance et que je remets chaque jour mon départ. Écrit lettre à ma chère Madeleine, et joint à celle-ci les lettres du Procureur et de Robert, lettre que je remets chez Dor, rue St Jacques (une des rares charcuteries restée ouverte), pour la donner à Lenoir, Député, qui la mettra à la Poste à Paris. On parle beaucoup de bombardements d’aéros sur Épernay et Châlons. Pourvu que mon André n’ait rien attrapé…  A Épernay, comme toujours ce sont nos bravaches Galonnés qui ont occasionné ce double bombardement. Avant-hier, retraite aux flambeaux pour fêter une remise de « fourragère » je crois. Les allemands, voyant cela, sont revenus la nuit suivante bombarder avec 40 ou 50 bombes la ville qui leur avait indiqué ses artères principales !! Walbaum, Moët brûlés, Gare, etc… victimes (rayé)!!

Journée monotone ! chaude…  insignifiante et décourageante.

Mais attendez, demain, demain vous entendez, un Grand coup !! Blagueurs va ?  Contre nos caves peut-être, sûr même, mais contre les allemands, çà jamais !! c’est plus dangereux alors !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

1er mai 1917 – Journée commencée dans le calme.

Très beau temps dont nous voulons profiter pour respirer un peu, tranquillement, au bon air. Nous remontons de la cave dans la matinée et l’après-midi, et nous fumons ainsi quelques pipes avec la plus grande satisfaction.

– Vers 17 h 20, un bombardement violent se déclenche en­core aujourd’hui. Il commence du côté de la gare, puis se rappro­che ; des obus tombent rue Henri IV. Ceux qui suivent se locali­sent vers l’hôtel de ville, ce qui nous empêche une fois de plus de sortir du 6 de la rue de Mars, pour aller en face, dîner à l’heure habituelle.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Mardi 1″ – + 10°. Nuit agitée. Bombes autour de nous vers minuit, pen­dant une heure. Forte canonnade hier soir et cette nuit au nord de Reims. Visite du Major de la Place : Colonel Fortis, du P. d’Herbigny et de deux de ses confrères.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mardi 1er mai

Action d’artillerie assez violentes entre Saint-Quentin et l’Oise et sur le chemin des Dames. Lutte à la grenade dans le secteur de la ferme d’Hurtebise.
En Champagne, après une vive préparation d’artillerie, notre infanterie s’est portée à l’attaque des lignes allemandes de part et d’autre du mont Cornillet. A l’ouest, nous avons enlevé plusieurs lignes de tranchées fortifiées depuis ce mont jusqu’au sud de Beine, sur une profondeur variant de 500 à 1000 mètres. A l’est, nous avons poussé nos lignes sur les pentes nord et nord-est du Mont-Haut jusqu’aux abords de la route de Nauroy à Moronvilliers. La lutte d’artillerie continue, violente, dans cette région.
Au bois le prêtre, tirs de destruction efficaces sur les organisations allemandes.
Notre aviation de bombardement a opéré au-dessus des champs d’aviation de Colmar, d’Habsheim et Frescaty. Les gares d’Ars, Novéant, Amagne-Lucquy, Bétheniville, Pont-Faverger ont été aussi bombardés avec succès.
Les Anglais ont consolidé leur front entre Monchy-le-Preux et la Scarpe. Ils ont fait un certain nombre de prisonniers. Ils ont réussi un coup de main au nord d’Ypres.

Source : La Grande Guerre au jour le jour