Louis Guédet

Dimanche 14 juillet 1918

1402ème et 1400ème jours de bataille et de bombardement

7h soir  Beau temps. Messe ce matin. Courrier assez fort, mais terminé rapidement. Eté porter ma lettre à Vitry-la-Ville où de là j’ai poussé jusqu’à Togny-aux-Bœufs voir le Docteur Lévêque et le Docteur Langlet, celui-ci assez souffrant d’un refroidissement. De plus il est très affecté des derniers incendies de Reims. Ajoutez à cela les 4 ans de la vie que nous avons menée à Reims, à 76 ans !! Ce n’est pas fait pour le remonter ! Et il y a de quoi. Causé fort longuement de toutes sortes de choses, ainsi qu’avec M. Guérin, le Procureur de Châlons. En revenant, arrêté rendre visite au curé de Cheppes, l’abbé Adam. Au passage à niveau de St Martin, rencontré 2 gendarmes de Vitry-la-Ville, l’un (en blanc, non cité) qui a été à Reims vers 1915/1916, s’est mis à causer de la vie que leur faisait à Reims Colas, lieutenant-colonel Commandant de Place, Charles, capitaine de gendarmerie, et enfin l’illustre brute le Capitaine Girardot, un gendarme doublé d’une sombre brute comme le qualifiait mon ancien Procureur de la République Bossu. Nous sommes venus à parler des procès qui étaient faits pour molester les Rémois, et (en blanc, non cité) m’a alors affirmé que le fameux ordre qui leur avait été donné au rapport : « que si chaque gendarme ne faisait pas 4 procès par semaine, celui-ci serait mis aux arrêts ! » avait été bien lu au rapport, mais qu’il devait émaner du Capitaine Charles au moment de son départ, et qui avait été mis à exécution dans toute sa rigueur par (rayé) de Girardot. Voilà donc un point du martyrologue rémois sous la botte militaire de définitivement fixé et établi.

Du reste (en blanc, non cité) m’a promis de me donner son livret d’ordres , afin que je (rayé). Ce sera un point (rayé) qui justifierait un (rayé) défendre (rayé).

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Dimanche 14 – Visite à Bouzy manquée : les soldats ont été appelés dans la nuit du 13 au 14. Visite de Madame Sollier ; d’un Capitaine aviateur de Bouzy.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Dimanche 14 juillet

Entre Montdidier et l’Oise, nous avons avancé nos avant-postes de 500 mètres, dans la région de la ferme Porte.
Nous avons exécuté une action locale au nord et au sud de Longpont. Nom avons progressé vers l’est et, malgré la résistance ennemie, franchi la Savières à la hauteur de la ferme Catifet. Une trentaine de prisonniers sont tombés entre nos mains.
Le nombre des prisonniers faits dans la région de Montdidier est supérieur à 600. Nous avons capturé, en outre, plus de 80 mitrailleuses.
Des troupes anglaises et australiennes ont exécuté d’heureuses opérations de détail aux environs de Vieux-Berquin et de Merris. Elles ont fait 96 prisonniers et pris quelques mitrailleuses. Leurs pertes ont été exceptionnellement légères.
Un détachement de troupes anglaises a exécuté un raid sur les tranchées allemandes au nord d’Hamel et ramené 22 prisonniers.
Un raid, tenté par l’ennemi, au nord de Meteren, a été repoussé. L’artillerie ennemie s’est montrée active en face de Beaumont-Hamel et dans les secteurs de Strazeele et de Locre.
En Orient, rencontre de patrouilles sur la Strouma, où les troupes helléniques ont dispersé un détachement bulgare, et dans la boucle de la Cerna.
En Albanie, l’ennemi s’est replié sur une ligne organisée. Nos troupes lui ont fait 470 prisonniers et infligé de lourdes pertes.

Source : La Grande Guerre au jour le jour