Louis Guédet
Mardi 18 juin 1918
1376ème et 1374ème jours de bataille et de bombardement
10h soir Beau temps. Eté à Versailles, vu les Demoiselles Foulon et Maubeuge le matin. Après-midi été à l’École Ste Geneviève où était Jean avant la Guerre, rue de la Vieille-Église (Rue de l’École des Postes depuis 1953). Vu le Père Virion et le Père de Genouillac. Ce dernier a tout à fait les mêmes sentiments que moi sur les officiers d’État-majors de nos armées. Incapacité, paresse, passe-droits et embusquages. Il en a aussi sur le cœur. Il estime que le ministre Clemenceau ne tombera pas, tant mieux.
Vu l’abbé Charles, ancien supérieur du collège St Joseph de Reims (de 1901 à 1907), qui est réfugié chez le Général Hartschmidt, ancien colonel du 132e de Ligne, 19, rue Neuve (Général Auguste Hartschmidt, né en 1839 et décédé le 5 juillet 1918). Causé un instant. Vu Mme Laval, rue Mademoiselle, 5, toujours aussi triste de la perte de son fils (Jean Laval, décédé à Versailles le 2 février 1915 à l’âge de 9 ans). Été chez les Minelle, 11bis place Hoche. Causé affaires et de bien des choses. Il va tâcher de sauver de Damery ce qui n’a pas été pillé. Il me conte deux histoires d’embusquages qui ce sont passées sous ses yeux.
Un fils d’un gros banquier de Paris, pour ne pas aller au front, offrant au secrétaire du Docteur Luys, son chef, de le porter malade et le mettre en sursis disant : « Demandez-moi la somme que vous voulez, je vous signe immédiatement un chèque, peu importe le chiffre, je rattraperai cela en un mois, mais je ne veux pas partir ! »
L’autre, le fils du 1er Vice-président du Tribunal de la Seine, M. Chaumel, avenue d’Eylau, 35, Paris, (Henri Chaumel (1857-1922) et son fils Alfred, né en 1889) pour se faire mettre en réforme s’injectant de l’albumine d’œuf dans la vessie !! et le Père allant voir le collègue de Minelle pour obtenir la réforme de son fils. Rentrée à 10h du soir très fatigué.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Mardi 18 – Visite du Père Decoster. II a vu tomber deux obus sur la Cathédrale, de la rue Libergier ou Chanzy. Reims est de plus en plus abime par le feu et les obus
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 18 juin
Entre Oise et Aisne, nous avons réussi une opération de détail qui nous a permis d’élargir nos positions au nord et au nord-ouest de Hautebraye. Nous avons fait une centaine de prisonniers et capturé des mitrailleuses.
Au bois des Caurières et dans les Vosges, nous avons repoussé des coups de main ennemis.
Les Anglais ont fait, à l’est d’Arras, un raid heureux qui leur a valu des prisonniers. Ils ont arrêté un coup de main tenté par les Allemands aux environs de Givenchy.
Au nord-ouest d’Albert, pendant une courte période de la nuit, l’artillerie ennemie a vigoureusement bombardé nos positions.
La lutte se développe sur le front italien. Les Autrichiens, sur le plateau d’Asiago et sur le mont Grappa, se sont bornés à lutter contre le retour contre-offensif de nos alliés, qui ont pu obtenir pourtant des succès partiels.
Sur la Piave, la bataille continue avec violence. Les ennemis ont maintenu leurs positions et tâchent d’élargir leur occupation du Montello.
Les troupes italiennes défendent bravement les passages du fleuve de San Andrea à Fossalta.
Le nombre des prisonniers faits par elles est de 4500 hommes et de 1200 officiers, y compris ceux capturés par les Franco-Anglais.
Source : La Grande Guerre au jour le jour