Louis Guédet
Vendredi 24 mai 1918
1351ème et 1349ème jours de bataille et de bombardement
7h soir Levé à 4h1/2 du matin, beau temps. Pas trop affaibli. Parti en voiture. Vu à la Gare le Procureur de Châlons avec qui j’ai fait route. Sur le quai de la Gare salué Melle de Puymaigre, sœur de Mme de Riocour qui a insisté beaucoup pour que je retourne au château revoir sa sœur et son beau-frère. Elle a demandé à André de vouloir bien se charger le cas échéant d’un mot pour Mme de Riocour, au cas où elle serait obligée de coucher à Châlons pour son service, car elle fait la navette de Vitry-la-Ville à Châlons pour la Croix-Rouge, et elle veut tranquilliser sa sœur chaque fois qu’elle ne rentre pas le soir. C’est entendu.
Personne ou presque à mes réquisitions. Raux est parti en vacances jusqu’au 14, jour où je reprendrai mes audiences hebdomadaires. Avec Georget Président du Tribunal de Commerce de Reims abattu mes 100 dossiers d’allocations militaires en appel. J’ai quitté le Tribunal à 1h. Déjeuné au buffet avec Georget qui allait l’après-midi à Reims. Avant-hier il y a eu des incendies dans ce pauvre Reims. Tout le quartier de la rue d’Anjou, du Levant, etc… La maison Henri Lucas, qui était occupée par le Cardinal Luçon, n’existe plus (Henri Lucas a donné à l’Archevêché de Reims son Hôtel particulier, l’Hôtel du Corbeau situé au 9 de la rue du Cardinal de Lorraine le 17 décembre 1906. Don faisant suite aux lois de séparation de l’Église et de l’État de 1905 et l’expulsion de l’Archevêque de Reims de son archevêché), ainsi que la maison de Peltereau-Villeneuve mon confrère.
Rentré assez fatigué. En rentrant lettre de Charles Heidsieck qui me dit que mes vins sont saufs, mais quant à mes cognacs et liqueurs ils ont été pillés. (Ces 4 derniers mots ont été rajoutés par Madeleine)
Le bas de la page a été découpé.
Rencontré sur le quai de la gare d’Épernay le Capitaine Linzeler qui est à Reims et est adjoint à la commission municipale qui surveille maintenant la Ville. Celui-ci me dit être heureux de me voir pour me demander où je dois faire diriger mes vins qui étaient au 52, rue des Capucins, qu’on avait mis en sûreté après un état qui doit m’être adressé. Je l’ai détrompé et lui ai dit que ces vins appartenaient à Mareschal, chez qui j’étais réfugié. Je lui ai dit de faire pour le mieux et de s’en entendre avec Lutta à Épernay. Je ne puis toujours savoir si la maison est ou non brûlée… mais c’est tout comme. Heureusement que ma cave de vins est sauve. Puissé-je la retrouver intacte. J’aurais dû faire tous les sacrifices.
mpressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 24 – Un camion de meubles et de livres nous arrive, conduit par un Abbé séminariste d’Arras.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 24 mai
Bombardements intermittents au sud de l’Avre.
Un coup de main ennemi dans la région du bois de Montgival a échoué sous nos feux.
Nos patrouilles et nos détachements ont pénétré dans les lignes ennemies, notamment en Champagne, au bois d’Avocourt et en Woëvre. Nous avons fait des prisonniers et ramené du matériel.
L’ennemi a effectué un raid sur un des postes britanniques, dans le secteur du bois d’Aveluy.
Nos alliés ont exécuté d’heureuses attaques dans les environs d’Ayette et de Boisleux-Saint-Marc, infligé des pertes à l’ennemi et capturé une mitrailleuse. Les Allemands ont tenté une attaque sur les positions britanniques, dans le voisinage de Riez-du-Vinage : ils ont été repoussés par le feu de l’infanterie et des mitrailleuses.
L’artillerie ennemie a été active dans la vallée de l’Ancre, au sud de Lens, à 1’est de Robecq et à l’est de la forêt de Nieppe.
Les avions anglais ont jeté vingt-deux tonnes de bombes sur les gares, les aérodromes et les cantonnements de l’ennemi; douze avions allemands ont été abattus.
Des aérodromes ennemis ont été bombardés dans le voisinage de Gand, Tournai et Saint-Quentin. Quatre tonnes et demie de bombes ont été jetées sur les gares de Thionville, de Metz et de Coblentz; vingt-deux bombes lourdes ont été lancées sur les gares de Namur et de Charleroi. 1000 appareils allemands ont été abattus en deux mois par les Anglais.
Source : La Grande Guerre au jour le jour