Louis Guédet

Jeudi 21 mars 1918                                                       

1287ème et 1285ème jours de bataille et de bombardement

5h1/2 soir  Le Printemps aujourd’hui. Journée de Printemps très chaude mais peu ensoleillée. Le temps a l’air de se mettre au beau. Du courrier passablement auquel j’ai répondu : lettre de Marguerite Grenier, de Nancy. Pauvre fille. Souvenirs du siège de Paris (Louis Guédet a vécu le siège de Paris avec ses parents en 1870 – 1871). Que c’est vieux, que c’est loin. C’était la Guerre à l’eau de roses ! Elle me félicite de mon ruban. Eté à Vitry-la-Ville chercher de la salade à planter, cette fois, et attendre Jean qui rentrait de Paris. J’ai à travailler, quoique je n’y ai guère le goût !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Jeudi 21 – + 5°. Nuit tout entière très active et très bruyante des deux côtés. Visite aux ouvriers qui établissent un passage de notre cave à celle du voisin. 3 obus sur la Cathédrale au chevet. 4 h. 30 nouveaux coups sur la Cathédrale : 4 obus ont atteint l’édifice. Visite du Capitaine Luizeler. Bombardement terrible toute la nuit, surtout vers 11 h. à 12 h. 1/2. Bombes tout autour de nous. A 2 h., 2 sur maison Miltat ; 1 sur maison Lefort, 1 cour de la maison n° 8, 4 au bon Pasteur, 1 dans notre jardin, juste au milieu ; les éclats sont projetés dans l’angle de mon Cabinet et de la maison voisine Miltat ; percent mes persiennes, abattent la moulure de ma table de travail, transpercent le dos d’un fauteuil, du canapé (pied), le parquet. Un petit éclat s’incruste dans un de mes candélabres en bronze. Il y en a dans la chambre de Mgr Neveux, qui percent la cloison. Ce fut terrible. Il y eut des gaz dans la cave où couchaient les Sœurs, qui pleuraient, se mouchaient, bavaient ; dans le réduit d’Ephrem. Nous avons mis nos masques. Recouchés vers 1 heure. Porte…

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Jeudi 21 mars… Deuxième bataille de Picardie

Assez grande activité de l’artillerie ennemie en Champagne, sur la rive droite de la Meuse et en Woëvre.
Après de vifs bombardements, l’ennemi a engagé, sur plusieurs points du front, des actions d’infanterie qui n’ont pas obtenu de résultat.
Au Nord-est de Reims, un coup de main allemand a été aisément arrêté.
Dans le secteur de Souain, l’ennemi a, par trois fois, tenté d’aborder nos ligues et a dû se replier sous la violence de nos feux, après avoir subi des pertes sérieuses.
En Woëvre, dans la région du bois Brûlé, les Allemands ont lancé une forte attaque. Après un vif combat, nos troupes ont rejeté les fractions ennemies qui avaient réussi à prendre pied dans quelques-uns de nos éléments avancés.
En Lorraine, une forte attaque ennemie sur nos positions au sud d’Arracourt a donné lieu à un violent combat corps à corps. Nos troupes ont partout gardé l’avantage et repoussé l’ennemi en faisant des prisonniers.
Nous avons effectué des incursions dans les lignes allemandes à l’est de la Suippe.
Nos bombardiers ont lancé 13.000 kilos de projectiles sur les établissements, terrains d’aviation, cantonnements, et gares de la zone ennemie.
En Macédoine, activité d’artillerie à l’ouest du lac Doiran, dans la région de Dobropolié et antour de Monastir.
Sur le front britannique, les Portugais ont repoussé des coups de main ennemis.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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