Louis Guédet

Mercredi 6 février 1918

1244ème et 1242ème jours de bataille et de bombardement

7h1/2 matin  Temps doux et fort nuageux. Hier soir Sainsaulieu est venu m’apporter quelques larmes de plomb en fusion, provenant de la toiture de la Cathédrale lors de l’incendie du 19 septembre 1914. On croirait des feuillages d’herbes marines ou de fougères. Voilà encore un souvenir à mettre dans mon petit musée de Guerre. Aurais-je la joie de le voir installé dans une vitrine ou dans un meuble vitré après la Guerre. Je me sens si las et j’ai une angoisse dont je puis me défaire. Je pars à 9h. Pourvu qu’il n’arrive rien ici durant mon absence.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 6 – + 6°. Nuit tranquille. Visite du Général Naulin qui m’invite à déjeuner pour lundi à midi, et m’enverra son automobile.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 6 février

Canonnade assez vive en certains points, au nord du Chemin des Dames. Un détachement ennemi, dans la même région, a été repoussé avant d’avoir atteint nos lignes.
En Argonne, à la Fille-Morte, nous avons réussi un coup de main et ramené des prisonniers.
La lutte d’artillerie s’est développée dans région de la cote 344, rive droite de la Meuse. Canonnade intermittente sur le reste du front.
Des coups de main ont été effectués avec succès par les troupes britanniques, au sud de Fleurbaix et vers la voie ferrée d’Ypres à Staden. Nos alliés ont fait subir de sérieuses pertes à l’ennemi et ramené des prisonniers et une mitrailleuse.
En Macédoine, les troupes bulgares ont tenté, sur les positions britanniques, au sud-ouest de Doiran, un coup de main qui a complètement échoué; une de leurs reconnaissances a été dispersée vers l’embouchure de la Strouma.
Sur l’ensemble du front italien, actions d’artillerie éparpillées et activité aérienne très vive.
Treize avions ennemis ont été abattus, cinq par les aviateurs italiens sur le val Stagna, et huit par les aviateurs anglais, à l’est de Montello.
Les dirigeables italiens ont bombardé des convois militaires.
Padoue a été de nouveau bombardée avant l’aube. Des édifices ont été endommagés et des personnes blessés.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


Fleurbaix, groupe de prisonniers allemands