Louis Guédet
Mercredi 2 janvier 1918 St Martin
1209ème et 1207ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Temps froid et couvert, et ici encore de la neige. Fait quelques visites ici, tué le temps et reposé, tout en faisant mon courrier qui est chargé, mais du moins j’ai le repos d’esprit et la sécurité ici. Pas de nouvelles des Grands. Espérons qu’il ne leur est rien arrivé… Ma pauvre femme souffre toujours de ses engelures… Voilà ma journée, toute de repos. Reçu lettre fort aimable de mon vice-Président du Tribunal M. Bouvier. Il a du cœur et des pensées très élevées. Lettre de l’ami Jolivet, qui met les pieds dans le plat comme toujours. Il me raconte qu’il n’a pas manqué un de ces derniers jours à Paris où il dinait chez les Mignot (rayé) avec les filles et gendres de Vallé et Deville !! Ma fois il n’a pas eu tort avec (rayé)!! Carte de Forzy, mon ancien clerc, notaire à Fismes, capitaine de Territorial, très allant. Il m’est toujours resté très fidèle ! Pas de nouvelles de mes autres clercs depuis fort longtemps, souhaitons qu’il ne leur soit rien arrivé. Lettre charmante et pleine d’humour du bon Père Desbuquois. Dieu !! que mon ruban lui tient à cœur. Il est plus impatient que moi !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
2 janvier 1918 – Le général Franchet d’Esperey vient à la mairie, accompagné d’un général et de deux autres officiers, pour faire visite au maire.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mercredi 2 – + 2°. Nuit tranquille. Visite du Général Franchet d’Esperey et du Capitaine.
Nous avons caché nos couverts.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Action d’artillerie assez vive en Champagne, dans la région de la Butte-du-Mesnil.
Un coup de main sur nos petits postes au sud-est de Beaumont, n’a obtenu aucun résultat. Nous avons fait des prisonniers.
Sur le front britannique, l’ennemi a renouvelé ses attaques contre la crête Welsh, sur une largeur d’environ 1200 mètres au sud de la Scarpe.
Dans la partie sud du secteur attaqué, il est parvenu, grâce à ses jets de liquides enflammés, à prendre pied un moment dans une des tranchées anglaises. Une contre-attaque l’a rejeté de cette position et la totalité de la tranchée est actuellement entre les mains de nos alliés. Partout ailleurs l’assaut a été arrêté.
Activité des deux artilleries en un certain nombre de points, au sud de la Scarpe.
L’artillerie allemande a également montré de l’activité dans le secteur d’Ypres.
Les Anglais ont, à nouveau, avancé leur ligne ,vers le nord de Jerusalem. Ils ont fait 759 prisonniers, dont 39 officiers et relevé plus de 1000 cadavres ennemis.
Les Italiens ont forcé l’adversaire à abandonner, avec de graves pertes, la tête de pont de Zenson, sur la Piave et à passer sur la rive gauche du fleuve. Ils ont repris possession de toute la boucle.
Sur le reste du front, actions d’artillerie modérées.
Des aviateurs ennemis ont attaqué le champ d’aviation d’Istrana et bombardé Vicence, Bassano, Castelfranco et Trévise. On compte en tout 13 morts et 44 blessés.
La Grande Guerre au jour le jour