Louis Guédet

Vendredi 16 novembre 1917

1162ème et 1160ème jours de bataille et de bombardement

5h1/2 soir  Temps gris brumeux, le calme, sauf quelques obus sifflant au loin. Rien de saillant. Ce matin causé avec Beauvais de Houlon. Je lui disais que j’étais surpris qu’on ne songeât pas à lui pour la Légion d’Honneur. Celui-ci me dit qu’on lui tenait encore rigueur de ce qu’il avait donné au début de la Guerre sa démission qu’il n’avait reprise que 3 semaines après, il m’ajoutait que pour le moment Pierre Lelarge avait plus de chances que lui pour ce ruban, mais néanmoins Beauvais est convaincu qu’Houlon sera décoré. J’en serais bien heureux pour lui, car il l’a mérité plus que tout autres !

Déjeuné au Cercle avec M. Gilbrin et M. Dubosc, Inspecteur Général de la Banque de France, homme fort aimable, mais…  tout à fait dans les Eaux Gouvernementales et plutôt avancées ! Causé de tout et de beaucoup de choses. Nous avons mis au point tout ce qu’il fallait pour l’Emprunt que je suis chargé ici de recevoir pour la Banque de France. Ces messieurs avaient été rendre visite ce matin au Cardinal Luçon pour le prier de faire  un appel au fidèles du diocèse de Reims et des diocèses de ses suffragants par un mandement avec une lettre dont la Banque de France s’emparerait pour faire de la publicité et de la propagande. Ils en ont prévenu du reste le Cardinal. La Banque de France doit du reste faire poser des affiches genre américain avec le Cardinal en pied, fourragère et Légion d’Honneur au côté. Fourragère d’Honneur qui lui a été octroyée par le 152ème de ligne. Après déjeuné nous avons mis au point une lettre adressée au Cardinal par  M. Dubosc et M. Gilbrin, lettre que je remettrai demain à Son Éminence vers 2h. Nous nous sommes quittés très cordialement, et M. Dubosc paraissait enchanté de notre entrevue.

Fait quelques courses, rencontré l’abbé Camu, causé de la mort de son neveu, je lui ai donné quelques détails complémentaires à ce sujet. Le pauvre garçon a été tué aux côtés de Robert avec 3 autres et a eu la tête emportée. Robert reproche à son capitaine d’être la cause indirecte de sa mort. Celui-ci n’a rien fait pour protéger ses hommes durant ces 3 mois devant Verdun. (Rayé). Ensuite rentré chez moi.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

16 novembre 1917 – Très fort bombardement vers le dépôt du chemin de fer.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Source : Gallica

Cardinal Luçon

Vendredi 16 – Nuit tranquille ; + 6°. Temps doux. Visite du Directeur de la Banque de France, M. Gilbrin, et de l’Inspecteur Général des Finances, pour l’Emprunt. Via Crucis in Cathedrali à 8 h. Visite de M. Abelé. Discus­sion de son projet avec Mgr Neveux, de M. Compant.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Vendredi 16 novembre

Nos reconnaissances, opérant dans la région de l’Ailette, ont fait des prisonniers.
Lutte d’artillerie assez violente sur la rive droite de la Meuse (les Caurières).
Sur le front britannique, des reconnaissances ennemies qui tentaient d’aborder les lignes de nos alliés, vers le bois de Polderhoek, au nord de la route de Menin, ont été rejetées en perdant des tués et des prisonniers.
Sur le front italien, les Austro-Allemands ont intensifié leur action depuis la zone de l’Asiago jusqu’à la vallée de la Piave.
Des colonnes qui se glissaient vers le Frigoli, au confluent de la Brenta et du Cismon, ont été arrêtées.
Une nouvelle tentative ennemie pour passer la Piave a été enrayée. Les troupes, qui ont franchi antérieurement le fleuve sont étroitement encerclées.

Source : La Grande Guerre au jour le jour