Louis Guédet
Lundi 1er octobre 1917
1116ème et 1114ème jours de bataille et de bombardement
6h3/4 matin Nuit calme jusqu’à 3h du matin. A 3h1/2 alerte de nos canons, quelques minutes, puis à 4h1/4 une vraie tempête jusqu’à 5h1/2, impossible de dormir. Bref je me suis levé à 6h1/2, fini ma valise et je vais aller à la messe de 7h. C’est la St Remy.
9h Arrivé à Épernay. Trouvé Minelle, Dondaine, Landréat, causé, donné des signatures et ensuite été à la Banque de France pour voir à des valeurs de clients. Déjeuné avec Texier juge au buffet de la gare. En montant au train à 2h trouvé Parant, notre ancien garde-chasse de Nauroy, sous-lieutenant au 2ème d’Infanterie, 2ème Bataillon, Croix de Guerre 3 étoiles, fait voyage avec lui jusqu’à Châlons. Il me confirmait ce que je savais du moral des troupes. Rancœur contre la riche Bourgeoisie qui s’est embusquée jusqu’à la gauche, et esprit des troupes très excitées contre eux. Nous allons aux socialistes à grand pas.
Arrivé à St Martin à 5h, je trouve les enfants en larmes à la gare (André et Marie-Louise). Pas de nouvelles de Jean depuis le 24 septembre ! Que lui est-il arrivé, mon Dieu ! Ma femme est dans un état indescriptible. Pour elle il est tué !! La contagion me prend, quelle nuit !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
1er octobre 1917
Canonnade très forte, à 4 h, pour la préparation d’un coup de main sur Bétheny qui, paraît-il ne donne aucun résultat.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Lundi 1er – Saint-Remi: + 9°. Nuit bruyante et agitée autour de Reims. Activité de nos batteries à 4 h. du matin. Petite attaque pour avoir des prisonniers ; pas fait de prisonniers. Visite des jeunes photographes du 152e qui ont voulu me photographier pour le régiment avec la Fourragère et la Croix. Visite du Colonel de Combarieu et du Capitaine de Viril-Castel qui m’ont fait apporter un appareil Tissot contre les gaz. Vers 6 h. soir, coups de canons français.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Lundi 1er octobre
Sur le front de l’Aisne, après une préparation d’artillerie, trois détachements ennemis ont tenté d’aborder nos tranchées au nord de Berry-au-Bac. Une fraction allemande, qui avait réussi à pénétrer dans un élément avancé de nos lignes, en a été chassée aussitôt. Sur les autres points, nos feux ont arrêté les assaillants, qui ont subi des pertes sensibles.
La lutte d’artillerie s’est maintenue très vive sur les deux rives de la Meuse, notamment au nord de la cote 344 et vers le bois de la Chaume.
Des avions allemands ont bombardé la région de Dunkerque. Il y a plusieurs victimes dans la population civile.
Nous avons abattu deux appareils.
Nos avions ont opéré sur la gare de Colmar et sur les établissements ennemis au nord de Soissons.
Sur le front de Macédoine, entre les lacs de Prespa et d’Okrida, l’ennemi a effectué deux attaques qui ont été vigoureusement repoussées.
A l’extrême gauche, les contingents albanais, refoulant les postes autrichiens, se sont emparés du village de Cesme, dans la haute vallée du Skouch.
Les Italiens ont fait environ 1800 prisonniers à l’est de Gorizia.
Quatre escadres d’avions ont survolé l’Angleterre jusqu’aux abords de Londres. Il y a 11 morts et 82 blessés.
Source : La Grande Guerre au jour le jour