Louis Guédet
Lundi 10 septembre 1917
1095ème et 1093ème jours de bataille et de bombardement
6h1/2 soir Nuit calme, mais grosse émotion à 5h moins 5. Comme je travaillais à mon bureau un shrapnell est tombé et est venu briser ma toilette en face de moi, la brisant. J’ai cru que j’étais frit, mais rien !! J’ai mis mes mains devant ma figure en disant « Mon Dieu ! Mon Dieu ! »
Regardé aussitôt s’il y avait le feu : rien. Descendu à la cave puis remonté, attendu que la fumée soit partie pour y voir. Peu de chose ! Aussitôt Lise, aidée de Melle Marie se sont mises à déblayer. Je suis anéanti.
Reçu lettre du Procureur Général Herbaux qui me remercie de l’avoir prévenu, il a fait le nécessaire près de Leroux, Directeur du Personnel, qui va se mettre en rapport avec l’Intérieur. Vallé lui a écrit pour lui dire qu’il m’avait chaudement recommandé près du sous-préfet… Je n’ai qu’à attendre. Mon Dieu, protégez-moi, sauvez-moi, sauvez mes enfants, et que cette vie misérable cesse bientôt, et que je retrouve enfin le calme, et que je vive au milieu des miens.
Protégez-moi mon Dieu ! Je suis bien émotionné.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Lundi 10 – + 12°. Brouillard. Nuit tranquille. Visite au Colonel de Combarieu ; vu le Capitaine de Vieil Castel. Reçu, visite de M. le Colonel Henry, parent de Mgr Henry, Evêque de Grenoble, aussi de Mgr Bonnefoy, de Mgr Guillibert Evêque de Fréjus, de Mgr Gouthe-Soulard.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173