Louis Guédet

Mardi 19 juin 1917

1011ème et 1009ème jours de bataille et de bombardement

1h  Nuit agitée et lourde. Tirs à tort et à travers, en sorte qu’on est toujours en éveil. C’est le manque de sommeil continuel. Température torride, du vent cependant, mais dont on ne peut jouir, hélas ! Rien d’intéressant. Poste sans courrier (2 lettres). Causé avec Beauvais toujours rayonnant. En le quittant je passe voir Guiot, du Petit Rémois, pour le prier de ne rien faire de ce qu’il voulait écrire sur moi dans son article de protestation contre les…  gaffes de dimanche. Je ne veux pas être mêlé à tout cela, les 2 partis me dégoûtent trop. Je réclame donc le silence. Si cela continue cela me dégoûtera à tout jamais de porter un ruban quelconque !

Ecrit à M. Bossu, pour lui dire tout ce qui se passe ici à ce sujet, et lui faire voir qu’à tout prix il faut que notre Grand chef enlève l’affaire tout de suite, pour cingler tous ces gens-là, à qui je ne veux rien devoir, et pouvoir le leur faire sentir.

6h soir  Pas de nouvelles intéressantes. A 2h porté quelques lettres, poussé jusqu’à la Mairie pour une légalisation de signature. Vu le Maire un instant et rentré chez moi, mais en passant devant Melle Payard, elle m’a forcé à entrer. Causé de nos lassitudes, enfin rentré chez moi. Voilà la journée. Je ne parle pas des bombardements, c’est toujours et tous les jours la même chose. Vie mourante.

Je me suis renseigné sur les demandes du Colonel du 118ème de ligne, le Colonel Nantin (à vérifier) 18, rue Jeanne d’Arc, près de la Place, afin de savoir à qui m’adresser au cas où les 2 sous-officiers de l’autre jour me chercheraient noise s’ils me rencontraient. Il est bon d’être documenté avec  ces pierrots-là.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

19 juin 1917 – Bombardement dès le matin et tir sur avions.

Le communiqué annonce 2 000 obus sur Reims, pour la journée d’hier 18.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Cardinal Luçon

Mardi 19 – + 19°. Nuit tranquille en ville. A 6 h. 10, bombes sifflantes, brusques. 9 h. violent bombardement sur…. Avions français et allemands : tir contre eux. De 2 h. à… bombes presque continuelles sur Saint-Remi.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173


Mardi 19 juin

Activité marquée de l’artillerie dans la région de Laffaux, au Panthéon et dans le secteur Craonne-Chevreux.

En Champagne, nous avons réussi une opération de détail qui nous a rendus maîtres d’un système de tranchées allemandes formant saillant dans nos lignes sur un front de 500 mètres environ entre le mont Cornillet et le mont Blond. Nous avons fait, au cours de cette action 40 prisonniers dont un officier.

Les Allemands continuent à bombarder la ville de Reims. 2000 obus ont été lancés dans la journée. Un civil a été tué et 3 blessés.

Sur le front belge, grande activité d’artillerie dans la région Lizerne-Boesinghe. Durant la journée, légère canonnade sur toute la ligne. Sur le front britannique, l’ennemi a lancé à la faveur d’un bombardement, une forte attaque locale sur les positions conquises par nos alliés à l’est de Monchy-le-Preux. Les troupes anglaises ont dû abandonner certains postes avancés établis en avant de leur nouvelle position principale. Cette position principale demeure entre leurs mains.

En Macédoine, l’aviation britannique a bombardé avec succès la gare de Tomba, à 12 kilomètres de Serès, et plusieurs dépôts de munitions ennemis.

En Thessalie, l’avance de nos troupes continue à s’opérer sans difficulté. Toutes les communes de la région Larissa-Volo ont adhéré au mouvement vénizeliste.

Source : La Grande Guerre au jour le jour