Cardinal Luçon
Nuit tranquille sauf quelques rares coups de canon. Dans la matinée, violente canonnade à l’Est, surtout à midi.
Visite à 2 h. 1/2 de M. Carroll et de M. Boylier qui me font des offres pour les malheureux, recommandés par Mgr Odelin. 2e liste des mêmes à 6 h. A 9 h., violente canonnade de 1/4 d’heure.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Mardi 26 Octobre 1915. D’après les communiqués l’attaque d’avant-hier n’a pas réussie. Les boches ont juste laissé beaucoup de morts devant nos tranchées. De notre côté nous avons eu quelques asphyxiés par leurs gaz. Les boches avaient mis le feu aussi avec leurs obus au Clos Pompadour. Cela ne change pas et on ne voit pas de fin.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant. (Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
Mardi 26 octobre
Nos troupes ont remporté un succès en Champagne. Elles ont enlevé un saillant fortement organisé en avant de la seconde ligne ennemie, à 2 kilomètres au nord de Mesnil-les-Hurlus. Cet ouvrage s’appelait la « Courtine » et avait 1200 mètres sur 250, comprenant plusieurs lignes de tranchées. Les pertes de l’ennemi ont été sérieuses et il a laissé 200 prisonniers.
Il a essayé d’un retour offensif. Il n’a réussi à réoccuper que quelques positions de tranchées au centre du fortin et la lutte s’y poursuit.
Les Allemands redoublent d’acharnement sur le front de la Duna pour enlever Riga et Dwinsk. Ils y ont sacrifié d’énormes effectifs.
Un sous-marin anglais a torpillé un croiseur allemand du type Prinz-Aldebert.
Les avions autrichiens sont venus à plusieurs reprises, en quelques heures, jeter des bombes sur Venise.
Les Serbes se replient sur le Danube comme sur le Timok. Ils ont perdu Uskub. Les Autrichiens ont franchi le Drin venant d’Herzégovine, et le Danube à Orsova, venant de Hongrie.
Les Russes ont fait savoir qu’ils seraient bientôt prêts à intervenir par terre en faveur des Serbes.
M. de Wangenheïm, ambassadeur d’Allemagne à Constantinople, est mort.
Source : la Grande Guerre au jour le jour