Louis Guédet
Vendredi 27 juillet 1917
1049ème et 1047me jours de bataille et de bombardement
9h soir Temps torride, nuit assez calme, chaleur insupportable. Rien de saillant. Eté le matin à la Poste rue Libergier, rencontré Dramas et Beauvais, causé entre autres des procès de bicyclettes que j’aurai à juger mardi prochain. Pas de courrier, qui n’est arrivé qu’à 3h du soir. Travaillé d’arrache-pied pour rattraper mon retard. Y arriverais-je, remis en ordre un tas de choses dérangées par mon déménagement… Dieu quelle torture pour moi qui aime tant retrouver chaque choses les yeux fermés… !!… Lettre de ma chère femme qui me donne de bonnes nouvelles de Robert. Voilà ma journée et je suis éreinté. Je ne parle pas des bombes, c’est un bruit comme le roulement des voitures à Paris… mais c’est plus dangereux.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
27 juillet 1917 — Bombardement la nuit dernière.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Vendredi 27 – Nuit tranquille en ville. Escarmouche aux environs de Reims. + 14°. Bombardement du Faubourg de Laon. Visite de M. Lemmon ; récit d’indiscipline(1) et actes de sauvagerie. Visite d’un motocycliste, agent de liaison, marié à une institutrice libre, en Bouches-du-Rhône. Les ouvriers étaient cachés derrière des sacs de terre et me dissuadaient d’entrer dans la Cathédrale, mais je voulais faire mon Chemin de Croix. J’entrai tout de même. Via Crucis in Cathedrali, mais abrégé à cause du danger. A 8 h., avions français, tir contre eux et bombes sifflantes.
(1) Seule allusion à la crise du moral de l’Armée française qui, de mai à juillet, alimente de nombreux cas de mutinerie de la part et d’autre de Reims, après l’échec sanglant de l’offensive suyr le Chemin des Dames.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 27 juillet
Après un bombardement violent mais court, les Allemands ont tenté une attaque des positions reconquises par nous sur le plateau de Californie. Cette attaque a été complètement repoussée et nos gains de la veille maintenus et consolidés.
Des coups de main ennemis ont échoué au nord-ouest du monument d’Hurtebise, dans la région du mont Cornillet et en Alsace, au nord d’Aspach-le-Haut. Nous avons fait des prisonniers.
Les Anglais ont exécuté avec succès des coups de main en quatre points différents des tranchées ennemies, à l’est et au nord-est d’Ypres. Chaque opération leur a valu un certain nombre de prisonniers.
Une patrouille allemande a été chassée à l’est de Laventie. Un coup de main ennemi a par contre réussi près de Givenchy-lès-la-Bassée.
Les escadrilles anglaises de bombardement ont jeté 4 tonnes d’obus sur des aérodromes. Trois avions allemands ont été abattus.
A l’ouest de Dwinsk, les troupes russes se sont emparées de positions ennemies près du chemin de fer de Dwinsk a Vilna. Dans la direction de Vilna, au nord de Krevo, l’ennemi a pris une colline au nord de Bogache.
L’ennemi bombarde violemment Tarnopol, qui est en flammes. Dans la région de Mikoulitso, il a franchi le Sereth et occupé un village. Au sud du Dniester, les Russes ont évacué Stanislau.
Vive activité de nos alliés sur le front de Moldavie.
Source : La Grande Guerre au jour le jour