Louis Guédet
Mardi 3 juillet 1917
…disaient qu’ils étaient considérés par leurs officiers comme des imbéciles parce que trop honnêtes. Ils m’ont affirmé que des officiers ont fait piller des caves à leurs hommes et revendaient ce vin soit à de leurs collègues soit à des civils. Le maréchal des logis André Cottard, employé de commerce au Havre 38, rue du Docteur Cousture, le soldat Gaston Buquer, aussi employé de commerce à Petit-Couronne (Seine Inférieure) avenue Samson, me disaient qu’ils étaient chaque jour écœurés. Ils me disaient le plaisir que ces officiers avaient de molester la population civile, mais ils ajoutaient, notamment Cottard : « Ils ne savent pas les haines qu’ils accumulent contre eux de la part de tous, et il ne fera pas bon de porter des galons après la Guerre. Ce sera terrible comme représailles ». Ils me confirmaient (ce qu’on m’avait déjà dit) que les officiers de l’active s’étaient eux surtout embusqués ! Ils prétendent qu’ils sont là pour former les soldats et les autres officiers et non pour se battre !!
Néanmoins ces 2 jeunes gens très sérieux étaient découragés de tout cela et de tout ce qu’ils voyaient et entendaient. C’était un découragement concentré et résigné.
Acheté un journal. Zinc ! boum ! boum !! en avant le « bourrage de crâne ». La Grrrande offensive Russe !!! 8000 prisonniers, et patati et patata !! En avant la musique qui finira en couacs probablement ! Nous aura-t-on rasés avec cette Grrrrande offensive ! qui finit toujours par un pétard ! Mais quel découragement ! quelle lassitude ! Dans toutes les classes, sauf parmi les galonnards fêtards. La noce continue toujours et ils ne désirent qu’une chose, c’est que cela dure toujours. Il en est de même me dit Melle Payard, ma voisine, retour de Paris, des Parisiens qui ne songent qu’à jouir, s’amuser, à filer aux Bains de mer, etc… C’est comme un vent de folie de jouissances qui s’empare de tous ces gens-là. Comme à la veille d’un grand cataclysme, d’une immense catastrophe !! Gare le réveil !!
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
3 juillet 1917 – Bombardement très violent, la nuit, sur le quartier Ponsardin
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 3 – + 16°. Bombes nombreuses sur rue Bacquenois, rue Buirette, etc. Visite à M. de Bruignac, trouvé chez lui ; à M. Charbonneaux Emile, non trouvé ; à M. Becker. Reçu visite d’un Aumônier de la nouvelle Division avec un Pasteur protestant et sept ou huit officiers du service de santé. Photographie prise dans la cour. Nuit tranquille ; orage de 5 à 6 h. Incendie rue Bacquenois, allumé par les obus.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 3 juillet
Au sud de Saint-Quentin, nous avons repoussé un coup de main ennemi sur nos petits postes, vers Gauchy.
Dans le secteur Cerny-Ailles, les deux artilleries continuent à se montrer particulièrement actives. En fin de journée, nos troupes ont contre-attaqué de part et d’autre de la route Ailles-Paissy. Cette action, vivement conduite, nous a permis de rejeter les Allemands au delà de la ligne de tranchée qu’ils avaient occupées. Le terrain reconquis, couvert de cadavres, témoigne de l’importance des pertes subies par l’ennemi au cours de son offensive.
Duel d’artillerie assez violent dans le secteur de la route de Laon à Reims.
En Woëvre, une forte reconnaissance allemande, qui tentait d’aborder nos lignes vers Flirey, a été dispersée par nos feux.
Les Russes ont pris l’offensive contre les positions austro-allemandes sur le front Koniuchy-Demeliki et ont enlevé trois lignes de tranchées, ainsi que le village fortifié de Koniuchy, puis se sont avancés jusqu’au ruisseau Koniuchy. Ils ont ramené 164 officiers et 8300 soldats prisonniers. Le dénombrement de ceux-ci se poursuit.
Au sud-ouest de Brzezany, après un bombardement régulier, les troupes russes ont attaqué les positions ennemies et se sont emparées d’une partie de ces positions.
L’empire a été restauré en Chine au profit de l’ancien empereur Pou Y.
Source : La Grande Guerre au jour le jour