Louis Guédet
Vendredi 22 juin 1917
1014ème et 1012ème jours de bataille et de bombardement
5h soir Journée de pluie torrentielle par ondées. Triste journée, de plus je suis assez souffrant de l’estomac. Fatigue, tourments, lassitude, découragement, etc…
Ce matin ouverture du coffre-fort Malaizé, 104, rue des Capucins, qui n’avait pu avoir lieu hier, et comme presque toujours il n’y avait rien de dedans. Il n’y a pas eu de scènes de déconvenue puisque les héritiers n’étaient pas là. En rentrant trouvé lettre désolée de ma pauvre femme. Elle tombera certainement malade et ce n’est pas cela qui me remonte. Contrairement à ce qu’elle croyait les enfants sont toujours à Mailly. J’attends donc la venue de Robert pour partir. Sorti porter mes lettres à la Poste où j’ai rencontré le Maire qui a causé un instant avec moi. Il y avait une réunion quelconque là car j’ai aperçu Dramas, Beauvais, le sous-préfet, etc… Passé ensuite à l’Éclaireur prendre des circulaires pour les maires de mes 4 cantons relatives aux mariages d’étrangers, et rentré chez moi, fatigué et bien découragé. Si je m’écoutais je ne cesserais de pleurer.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Vendredi 22 – + 13°. Pluie. Via Crucis in Cathedrali. Bombes fusantes et autres par intervalles.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Vendredi 22 juin
Un violent combat s’est poursuivi à notre avantage à l’est de Vauxaillon. Une contre-attaque de nos troupes sur la partie de tranchées occupée par l’ennemi dans le secteur de la ferme Moisy a donné de sérieux résultats. A l’heure actuelle, nous avons repris la totalité de nos positions à l’exception d’un saillant situé à 400 mètres au nord-est de cette ferme où des fractions ennemies se maintiennent encore; la lutte d’artillerie reste très vive dans toute cette région.
Entre Hurtebise et Craonne, bombardement assez violent de nos premières lignes.
En Champagne, nous avons réalisé une avance au nord-est du mont Cornillet, dans des conditions particulièrement brillantes. Une tentative allemande a été repoussée par nos grenadiers, qui ont rejeté l’ennemi jusque dans sa tranchée de départ dont ils se sont emparés. Nous avons progressé de 300 mètres en profondeur sur une largeur de 600.
Sur le front de Macédoine, l’aviation britannique a bombardé les camps et les magasins ennemis de Bogganci (entre le lac Doiran et le Vardar) et de Vetina, sur la Strouma.
Les Italiens se sont emparés d’une nouvelle cime dans le massif d’Asiago.
Une partie de l’opinion suisse demande la démission du général Wille, généralissime et du colonel Sprecher von Bernegg, chef d’état-major général.
Constantin 1er est parti pour les Grisons.
Source : La Grande Guerre au jour le jour