Louis Guédet
Jeudi 31 mai 1917
992ème et 990ème jours de bataille et de bombardement
6h1/2 soir J’ai pu dormir cette nuit. Il fait un temps magnifique. J’ai enfin pu connaitre le nom de notre nouveau commandant de Place, le Lieutenant-colonel Frontil (précédemment son nom était rajouté a posteriori au crayon de papier), une culotte de peau parait-il (vieux soldat parfois un peu trop à cheval sur le règlement), Journée monotone et lourde à tirer. J’ai travaillé le plus que j’ai pu pour changer mes idées, mais c’était sans conviction, on agit et on vit à côté. Sorti après-midi faire des courses pour tuer le temps, mais on rentre le cœur alourdi, déchiré des ruines qu’on voit pas à pas. Alors on rentre chez soi pour ne plus en voir.
Voilà ma journée. Mon Dieu ! que cette vie est lugubre !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Paul Hess
31 mai 1917 – Première journée calme. Quelques sifflements, le soir.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Jeudi 31 – + 15°. Nuit tranquille. Canonnade à l’est au loin. Visite du Général des Vallières(1) et du Colonel Frontil (jambes articulées). Nuit.tranquille.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Le général des Vallières était un officier d’une sûreté de jugement et d’une culture peu communes. De décembre 1915 à juillet 1917 il a été à la tête de la mission française auprès du haut commandement britannique. En juillet 1917 il commande une division au Chemin des Dames. Le 28 mai 1918 il est tué au combat au milieu de ses hommes qui contre-attaqueront dans la nuit pour pouvoir rapporter dans nos lignes le corps de leur chef. Le nom du Général des Vallières a été donné au grand Amphithéâtre de l’École Supérieure de Guerre.
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Jeudi 31 mai
Lutte d’artillerie assez violente et rencontres de patrouilles au sud de Saint-Quentin.
En Champagne, une attaque ennemie, menée par des unités spéciales d’assaut, a tenté d’aborder nos tranchées sur le mont Blond. L’ennemi a dû refluer sous la violence de nos feux en abandonnant des morts et des blessés. Nous avons fait des prisonniers, pris une mitrailleuse et un appareil lance-flammes.
Sur la rive gauche de la Meuse, nous avons exécuté un coup de main sur les lignes allemandes, à la cote 304. Des destructions importantes ont été opérées et nous avons ramené une dizaine de prisonniers.
Les Belges ont exécuté un tir de destruction très réussi sur des abris de mitrailleuses. La réaction de l’artillerie ennemie a été très vive. Un parti ennemi a été repoussé.
Les Anglais ont refoulé des coups de main ennemis vers Fontaines-Les-Croisilles et l’ouest de Lens. Leurs patrouilles ont pénétré dans les tranchées allemandes au sud de Neuve-Chapelle et fait subir des pertes aux occupants.
En Macédoine, activité d’artillerie sur la rive droite du Vardar et dans la boucle de la Cerna.
En Egypte, l’artillerie britannique a détruit plusieurs canons ennemis.
Les Italiens ont brisé une violente réaction autrichienne sur le Carso.
Le Parlement de Vienne a ouvert sa session.
Source : La Grande Guerre au jour le jour